L'histoire :
Un gamin des rues s’impose avec culot comme commis de cuisine dans une grande maison, et va devenir un pâtissier révolutionnaire. Il sera le premier à concevoir ses desserts comme de belles constructions, à l’image de ce croque en bouche de quartiers d’oranges. Obsédé par la transmission du savoir, Antonin a tout appris des autres et du temps passé à dévorer des livres. Il publiera un ouvrage de pâtisserie devenue une référence absolue. Dans cette première moitié du XIXème siècle, le perfectionnement de la conserve va révolutionner les possibilités de transporter la nourriture. Le passage à une échelle plus industrielle, l’utilisation des boîtes en fer vont changer la vie des soldats, dont les campagnes militaires sont nombreuses à cette époque très tendue. C’est aussi le siècle des premiers livres qui référencent les restaurants de Paris, de la montée en puissance de la pomme de terre dans l’alimentation des plus modestes. Une époque où la préparation des ortolans, de petits oiseaux qui se mangent d’une bouchée, faisait le prestige des grandes tables. Et un moment où la transmission du savoir est une priorité de tous les grands noms de la cuisine française.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour ce dernier volume en date de la collection, Isabelle Bauthian traverse le XIXème siècle, qui fut visiblement marquant pour les arts de la table, la gastronomie, mais aussi le passage vers le monde moderne. Le livre est structuré en tranches d’histoires indépendantes, qui se consacrent chacune à un personnage clé de cette période, un grand cuisinier, un inventeur qui révolutionne la conservation, le pionnier de l’épicerie grand-public. Chacune est très bien construite, la collaboration avec le dessinateur Raphaël Beuchot étant parfaitement équilibrée. Le dessinateur impose sa marque sur l’album avec un style très élégant, avec notamment ce très beau plan de l’atelier de l’usine de conserves en page 22. Des fines hachures, des couleurs qui semblent en phase avec l’époque, des intérieurs et des bâtiments qui sonnent très juste. Quelques recettes font la transition, et nous rappellent à quel point la cuisine française a été riche et inventive. Leur lecture impressionne par le nombre d’ingrédients et la surenchère de superposition de certains plats de viande, même si on réalise que le savoir-faire de nos grands cuisiniers, et de nos grandes cuisinières, y trouve ses sources. Un bel exemple d’ouvrage historico documentaire réussi, qui utilise habilement le format BD pour cultiver et titiller la curiosité, tout en soignant la narration pour une lecture agréable.