L'histoire :
Selon toute vraisemblance, Yves Frehel, chercheur en biologie, a fait une découverte inattendue et stupéfiante lors de ses expérimentations solitaires. Techniquement, en laboratoire, il a opposé une hormone qu’il a appelé « créatine B », à l’oxydation naturelle des cellules humaines. En pratique, c’est un pas de géant sur la voie de l’immortalité ! Parfaitement conscient de l’énormité de la chose, il préfère taire sa découverte, le temps de la parachever et d’en saisir correctement la portée. Cependant, ses employeurs américains s’emballent, craignant qu’il ne vende ce secret lucratif à un autre laboratoire. Ils accentuent la pression, lui font peur et c’est le drame : deux hommes de mains font une bavure inouïe et le flinguent dans une ruelle. Désormais entre la vie et la mort, il a été récupéré par une équipe de savants, qui tentent de « programmer » son coma pour l’amener à faire des révélations sur la formule de la créatine B. Pourtant, à chacune de ces tentatives « d’espionnage psychique », Yves en revient toujours au moment de son assassinat, utilisant cette séquence tragique comme point de repère pour revenir à la réalité. Les savants programment donc un nouveau continuum de vie, postérieure à cet instant clé : dans celui-ci il est déjà mort, un esprit qui se détache pour retrouver les siens. Or le temps presse, car le corps physique de Yves est de plus en plus faible…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Voilà déjà bouclé ce thriller « polyptique », aux frontières du fantastique ou de l’anticipation. Quatre tomes en deux ans… Chapeau le dessinateur ! Bertrand Marchal confirme ainsi son rang au sein du paysage bédéphile francophone, avec une seconde œuvre complète et parachevée (après les Châtiments de l’an mil). Si son trait réaliste et détaillé n’a rien d’original en soi, le dessinateur aura fait montre d’une belle régularité e d’un gros boulot tout au long de cette aventure scientifique. Pour en terminer sur les aspects formels de cette conclusion, signalons également la couverture logiquement jaune (une teinte primaire dominante par épisode). Le scénario de cet ultime épisode n’est en revanche pas aussi enthousiasmant. A l’instar des scientifiques qui manipulent le psychisme du héros, le lecteur est – comme à chaque fois et une nouvelle fois – spectateur d’une 4e vie parallèle suggérée artificiellement. On trépigne depuis 3 tomes d’en savoir plus long sur les contingences de sa découverte colossale, la vie éternelle… et on découvre surtout les composantes traditionnelles et rebattues de sa mort. Le contrepied de Rodolphe est gonflé et s’avère particulièrement frustrant pour quiconque s’est passionné pour la série, espérant en vain un dénouement à la hauteur de l’intérêt suscité. Une conclusion qui fait pschitt…