L'histoire :
Dans un monde antique légèrement teinté de fantasy, Sarhan, un sorcier indigène, débarque au royaume d’Ankinoë. Il est venu car il a ouï-dire que le roi connaissait quelques soucis pour assurer sa descendance. En dépit du châtiment fatal que le moindre échec représenterait, il propose donc sa science au palais. Un élixir sacré et quelques mois plus tard, et hop : la reine accouche d’un garçon, baptisé Golias. Cela se fait au grand dam du frère du roi, Polynos, qui naturellement, se serait volontiers emparé du trône… Seize ans plus tard, la reine n’est plus, mais sous la férule du roi son père, Golias est devenu un prince plein de fougues et de talents. Redoutable bretteur à l’épée, Golias est fidèle dans son amitié envers Konios et protecteur pour sa sœur Aeréna. Il se méfie notamment de son cousin Varon (le fils de Polynos), qui se verrait bien marié à Aeréna… avec ou sans son assentiment. Suite à une énième rixe entre les deux garçons, le roi prend une décision radicale. Varon doit partir s’initier dans une des pires garnisons du royaume ; Golias n’aura plus le droit de sortir du palais sans son autorisation. Polynos décide de profiter de ces évènements pour forcer son destin…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En 15 ans de carrière, Jérôme Lereculey a fait de très rares incursions en dehors de la sphère Chauvel-Delcourt. Pour cette nouvelle série du Lombard se déroulant sous une antiquité légèrement mâtinée de fantasy, il s’associe à un autre géant du scénario, Serge Le Tendre. La problématique est certes relativement classique : le frère félon d’un roi complote pour que sa filiation s’empare du trône. Fils légitime, vertueux et donc héroïque, Golias s’oppose à ces ignominieuses manœuvres, ce qui l’amène à vivre moult périples, notamment en quête de « la fleur du souvenir » qui pousse sur « l’arbre de Cronos ». Avec la lisibilité qui caractérise son œuvre, Le Tendre renoue donc avec le souffle épique de la grande aventure (on pense à l’immense Quête de l’oiseau du temps, le burlesque en moins). Quant à Lereculey, son dessin en pleine maturité se montre une nouvelle fois un modèle d’exigence et d’accessibilité. Des encrages somptueux complétés par la colorisation de Stambecco ; des personnages expressifs et immédiatement attachants ; les décors féeriques avec de larges panoramiques et plans intermédiaires détaillés… Du sacré fichu bon boulot. En outre, le découpage impeccable et le rythme de narration addictif imposent une immersion assidue et palpitante. Bref, tous les ingrédients d’une bonne et belle bande dessinée grand-public sont réunis… Il faudrait être un drôle de mécréant pour passer son chemin.