L'histoire :
Malgré la météo à l’orage, une grande fête se prépare dans le village. Le schtroumpf coiffeur s’en va donc chez la Schtroumpfette pour lui refaire une coupe. Mais un Schtroumpf l’interpelle au passage : et pourquoi lui peut-il profiter des jolis cheveux de la Schtroumpfette et pas lui ? Ça ne doit pourtant pas être bien compliqué de couper des cheveux. Sa frustration est telle qu’il faut l’intercession du Grand Schtroumpf pour le calmer. Il lui explique que c’est normal, que c’est le métier du Schtroumpf coiffeur, que de couper les cheveux… Qu’il faut savoir accepter leur différence ! Oui, mais le Schtroumpf râleur reste énervé car, par exemple, le Grand Schtroumpf porte une barbe et pas lui. Plus tard, lors de la grande cueillette de salsepareille nécessaire à la fête, ce même Schtroumpf qui trouve les choses injustes déniche un super coin à framboises. Il prévient aussitôt ses copains de la super récolte qu’ils peuvent faire. Certes, c’est bien gentil, mais ils ont besoin de salsepareille, pas de framboises ! Le Schtroumpf râleur trouve encore une fois cette situation injuste et le fait bien savoir. Il commence à devenir vraiment pénible. Plus tard, lors de la fête, il reproche au Schtroumpf fêtard de mener la danse. Puis à son voisin de table d’avoir potentiellement une plus grosse part de gâteau que lui. Bref, absolument tout lui semble injuste…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Qu’est-ce qui est juste et par extension, qu’est-ce que l’injustice ? Sans aller jusqu’au devoir sur table de 4h en philosophie, ce sentiment peut légitimement animer les enfants, les adultes, les Schtroumpfs, voire les petits poussins noirs avec une coquille d’œuf sur la tête (le syndrome de Calimero !). Ici, dans cette histoire courte des schtroumpfs concoctée par Thierry Culliford (fils de Peyo) et Falzar, à l’attention des plus petits, l’un des Schtroumpfs joue les super-pénibles avec ce sentiment. Tout ce qu’il vit lui semble injuste, et il casse franchement les pieds à tout le monde. Attention, ne le confondez pas avec le Schtroumpf grognon, qui lui n’aime rien, par définition. Le Schtroumpf dont il est ici question n’a pas de métier / de vocation connue et particulière, il est juste super parano et revendique sans cesse de mériter mieux que son voisin. Heureusement, à travers le dessin « élastique » d’Antonello Daleno et les couleurs pepsi de Paolo Maddaleni, le Grand Schtroumpf trouve un biais astucieux pour lui faire prendre conscience que la différence est juste normale, et qu’il faut l’accepter si on veut pouvoir vivre en société. Comme à chaque fois, et en toute complicité avec le Grand Schtroumpf, la pédopsychiatre Diane Drory décortique ce sentiment dans un dossier final qui se met à la portée des jeunes enfants – et de leur parents qui leur lisent ces histoires, surtout. Comment appréhender la jalousie et la neutraliser : voilà une question primordiale à traiter dès le plus jeune âge (et même pour les adultes, il n’est jamais trop tard !) Si l’on est capable d’aborder la vie en pensant toujours à cela, on devient infiniment plus heureux.