L'histoire :
Suite à un coup de fil anonyme, l’inspecteur Trina Dash du FBI et son acolyte l’officier Marquez pénètrent à l’intérieur d’une maison d’un quartier sordide de Los Angeles, d’où se dégage une odeur de charogne suspecte. Ils y trouvent le corps pendu d’un dénommé John Caristos, accompagné d’une lettre testamentaire. Caristos indique qu’il a été un sombre tueur à gage, qu’il met fin à ses jours et qu’il va entrainer avec lui dans la mort un paquet de flics puisque l’explosion de sa maison est programmée à 3 minutes après toute intrusion. Les officiers sortent juste à temps, en ayant la présence d’esprit d’emporter une liasse de documents. Notamment, l’un des documents implique Caristos comme exécuteur de Robert Max, ancien grand producteur de cinéma et père de l’inspecteur de l’IR$ Larry B. Max, officiellement mort dans un accident d’avion 10 ans plus tôt. A ce moment là, Larry récupère Gloria ivre morte dans une boîte à striptease. Il a passé plusieurs années à converser par téléphone rose interposé avec cette femme fatale, qui fut jadis la grande actrice Kate Absinth et amante de son père… et après l’avoir retrouvée, il doit aujourd’hui supporter sa déchéance. Il la ramène chez lui et s’interroge sur l’avenir de ce couple impossible… lorsqu’il est agressé et assommé par 3 voyous masqués, qui enlèvent Gloria.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
10 albums en 10 ans : la série IR$ aura marqué la décennie grâce à son principe innovant : les aventures d’un contrôleur fiscal au pays de la grande escroquerie financière internationale. Régulièrement pré-publié dans la Tribune ou les Echos grâce à ses enquêtes savantes, haletantes et parfaitement documentées sur le sujet, la série se repositionne avec ce 11e tome avec un nouveau souffle. D’une part, l’opus sort de concert avec le premier tome d’All Watcher, une série parallèle de 7 tomes dans la série, qui met en scène le héros Larry B Max face à une entité monstrueuse et occulte de la haute-finance. D’autre part, le fil rouge autour de la vie personnelle de Larry est arrivé à un point de non-retour, un « abcès » qu’il est nécessaire et urgent de percer. Car le percepteur dandy a enfin retrouvé la fameuse Gloria à qui il téléphonait régulièrement depuis 10 épisodes (en payant des sommes monstrueuses de téléphone rose). Or celle-ci trimballe une sacrée dose de secrets qui se trouvent liés à la mort/l’assassinat des parents de Larry, la seconde intrigue globale de la série. On se met alors à comprendre toute l’ambiguïté des rapports de Larry avec Gloria, et en ce sens, cet album lève un voile important sur les personnages. On en profite pour accueillir une nouvelle héroïne, inspectrice au FBI, qui, gageons-le, entretiendra une relation tumultueuse de longue haleine avec notre héros. Graphiquement, Bernard Vrancken passe lui aussi un palier : il dessinera désormais ses planches au lavis. Initialement, on s’en enthousiasme : son dessin élégant y gagne encore en relief, en profondeur, s’humanise… Et puis on constate que cette nouvelle technique se fait au détriment de certaines cases (souvent des décors de transition) qui sont tout simplement des inserts photos retouchées (à l’instar du décor de la couverture)… de plus en plus nombreux au fil des pages ! L’avantage des encrages était au moins de permettre le nivellement des montages décors/personnages. Un gros pas en avant et un gros pas en arrière : une évolution en demi-teinte, donc.