L'histoire :
Jack Irons est ingénieur en génie-civil, spécialiste de la construction et de la destruction des ponts. Ce soir là, sur l'île du Prince Edouard, au large du Canada, il voulait tout simplement retourner à l'aéroport de Moncton et prendre un taxi. En arrivant sur le pont de la Confédération qui relie l'île au New-Brunswick, le chauffeur sent des vibrations étranges sous ses roues, et constate que l'éclairage public est en panne. L'ingénieur lui hurle alors de freiner, et la voiture s'arrête... à quelques mètres du vide. Le tablier du pont s'est écroulé, ils sont les premiers à réaliser ce qui vient de passer, tandis qu'un véhicule les dépasse et plonge dans les profondeurs des eaux gelées. L'inspectrice de police qui arrive sur les lieux et interroge Jack apprécie peu son manque d'enthousiasme à coopérer. Sans compétences techniques à ses côtés, elle aura bien du mal à faire progresser son enquête. Pourtant la situation de l'île est étroitement liée à l'histoire de ce pont. La compagnie Northern Cross qui gère l'ouvrage et les pêcheurs de l'île entretiennent des relations détestables. La construction de l'ouvrage a fait disparaître les homards qui constituaient le gagne-pain de dizaines de bateaux. L'incroyable écroulement du pont va relancer des polémiques au sein de la communauté, auxquelles Jack va apporter un élément déterminant...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Difficile d'imaginer le pitch d'une série qui aurait pour héros récurrent un ingénieur en génie-civil. C'est pourtant le défi que relève Tristan Roulot, grâce à une rencontre improbable et riche en anecdotes dans un vol Paris-Montréal. Avec son crâne chauve et son cynisme affiché, Jack Irons enquête presque malgré lui sur une île qui semble fort peu accueillante, battue par des bourrasques de neige. Il n'est pas très sympa, mais il est aussi courageux que compétent ; il est séducteur, mais se comporte comme un goujat. En évitant un personnage central lisse sur toute la ligne, le scénariste et son dessinateur Luc Brahy mènent la barque avec habileté, grâce surtout à un excellent flashback de démarrage qui positionne très habilement Irons dans le souvenir d'un drame terrible. Une densité bienvenue qui rend la lecture de cette première aventure agréable et prenante, Brahy et son coloriste Hugo Facio réussissant à rendre l'obscurité des nuits canadiennes et du fond de l'océan très réalistes. On se demande un peu sur quoi notre enquêteur va projeter ses connaissances techniques dans les prochains épisodes. Mais la collection Troisième Vague a bien réussi à mettre en avant un inspecteur du fisc avec IR$, ou un trader avec Hedge Fund. Alors pourquoi pas ?
