L'histoire :
Avril 1917. La compagnie du lieutenant Katzinski est en première ligne dans l’enfer des tranchées. Après quelques heures de répit, les ordres de l’Etat Major tombent : une division de char se prépare à fondre sur l’ennemi et la compagnie de fantassins est condamnée à lancer l’assaut sous le feu nourri des allemands. Les hommes perdent patience et commencent à se rebeller. Le charismatique sergent Sabiane, bâti comme un ours, réussit à maintenir l’ordre dans les rangs. L’assaut est lancé. Impossible de passer, l’ennemi est organisé. Après quelques heures de combats, les tanks sont hors-service et la deuxième section est décimée. L’opération était suicidaire, les soldats le savaient. L’Etat Major n’a aucune idée de ce qui se passe au front. Après le cessez-le-feu, les hommes errent sur le champ de bataille à la recherche de blessés. Des centaines de brancards sont alignés avec des malheureux recouverts d’un drap blanc, maculé de sang. Le moral des troupes est au plus bas, mais l’heure de la relève est arrivée. La compagnie quitte la première ligne pour quelques jours. Lorsqu’ils croisent le bataillon de relève, Larzac reconnait quelques gars de son village. Il sort des rangs et salut ses compagnons. L’un deux se retourne pour ne pas être vu et sort une liasse de feuilles de sa poche et la glisse dans les mains de Larzac. Ce dernier ne pose aucune question. Arrivé au campement, il découvre qu’il a entre les mains la fameuse pétition de la cote 108. Pétition signée par plus de deux milles soldats dénonçant l’absurdité meurtrière des ordres de l’Etat Major. Mais pour que la lutte soit efficace, il ne suffit pas de signer ce papier. Il faut l’amener à l’Assemblée Nationale, jusqu'à a capitale...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’Histoire retient les grandes batailles victorieuses de la Somme ou encore de Verdun. Or il y en a une qui, malgré la douceur de son nom, fut un drame sans précédent et un échec cuisant de la stratégie militaire française : la bataille du chemin des Dames. Ce lieu-dit porte ce doux nom en l’honneur des deux filles de louis XV. Mais durant la première guerre mondiale, plus de 400 000 hommes, toutes nationalités confondues, sont tombés sur ses prairies. En 1916, le général Nivelle remplace Joffre au commandement des armées françaises. Il prévoit de lancer une grande offensive contre l’armée de l’empire allemand dans l’Aisne occupé depuis 1914. La stratégie sur le papier est parfaite, mais elle ne tient pas compte de la géographie du terrain ni de la préparation de l’ennemi. Ce dernier a eu le temps d'organiser sa défense dans ce coin de France occupé. Le combat est rude et la perte en vie humaine ainsi que l’acharnement de Nivelle à lancer l’attaque coûte que coûte va faire perdre le sang-froid d’un grand nombre de soldats, qui vont se rebeller contre la hiérarchie. Les mutineries de 1917 ne sont pas beaucoup développées par les historiens, mais le récit romancé de Xavier Dorisson et Emannuel Herzet illustre bien la problématique. Difficile à dire si la fameuse pétition a vraiment existé, mais les deux scénaristes réussissent à nous tenir en haleine durant les deux tomes qui composent cette intégrale. Les personnages sont très charismatiques et il est plaisant de suivre ce petit groupe d’hommes se battant pour ramener l’Etat Major à la raison. Cependant, le trait de Cédric Babouche ne plaira pas à tout le monde. Le dessinateur bouscule les codes de la bande dessinée franco-belge en adoptant des expressions de visage issus des animes japonais, comme par exemple des sourires béats pour exprimer la gêne. Malgré tout, même si certaines cases manquent de lisibilité, le trait est agréable et la mise en couleur à l’aquarelle apporte un grand plus aux vignettes représentant les paysages. A l’heure où la commémoration du centenaire de l’Armistice de la Première Guerre Mondiale bat son plein, les albums sur ce thème sont légion. Malgré un dessin pas toujours facile à décrypter, cette intégrale doit figurer dans votre bibliothèque.