L'histoire :
Nos trois amis les Blattes, autoproclamés le « meilleur groupe de rock de tous les temps » (comprendre : le plus pitoyable), sont nonobstant toujours en quête de la clé du succès interplanétaire. Or c’est relativement mal barré étant donné qu’ils viennent de se faire piquer leur camionnette avec tout leur matos et leurs instruments dedans. Fred l’avait pourtant garé à proximité de leur abri de fortune, au milieu du terrain vague qu’ils squattent… Il a juste oublié les clés sur le contact. C’en est trop pour Tom qui prend la tangente, direction l’ANPE. Après un entretien constructif avec une conseillère à l’esprit alerte, il déniche un job de bagagiste à l’aéroport de Roissy. Epanouissant n’est pas l’adjectif qui qualifie le mieux ce poste (assourdissant conviendrait mieux), mais au moins lui donne t-il l’occasion de papoter philosophie rebelle avec Momo, le chef d’équipe. Car ce dernier a lui aussi l’esprit rock n’roll. Il rêve d’ailleurs de faire un pèlerinage à Seattle sur la tombe de Kurt Cobain… Les plus grands groupes y ont trouvé l’inspiration et surtout les plus grands producteurs s’y recueillent aussi régulièrement. Il n’en fallait pas plus pour redonner des ailes à Tom : il débauche ses deux comparses et le trio embarque dans le train d’atterrissage d’un Boeing, à destination des States…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour la première fois, les Blattes nous proposent de suivre leurs aventures au sein d’une histoire complète et non d’un recueil d’historiettes. Toujours parfaitement burlesque, l’objectif de leur épopée consiste cette fois à partir en pèlerinage sur la tombe de Kurt Cobain, pour saisir pleinement la substantifique moelle du rock n’roll (voir résumé). Evidement, comme l’indique partiellement les couleurs vert-orange de la couverture, leur périple s’arrêtera en Jamaïque, sur les traces du cannabis, de Bob Marley et du reggae, ce qui est un peu la honte suprême du rocker pur. Résultat : notre trio de loosers absolus n’a jamais aussi loin d’un rif de guitare que dans cette aventure : ils sont tour à tour bagagistes, clandestins, emprisonnés, fuyards, immolés… Notons en passant que ce trio infernal de blaireaux se rapproche de plus en plus d’un autre groupe d’antihéros grotesques du 9e art : les frères Dalton (dans Lucky Luke)… à cela près qu’ils ne sont que trois. Ils montrent en effet des similitudes de look et des emprises psychologies internes comparables : Tom est le jumeau de Joe Dalton (chef, petit et teigneux), Fred celui de Jack/William (aussi bête que suiveur), et Jean-Louis est l’équivalent d’Averel (crétin, plus gros que grand, mais surtout une propension inouïe à focaliser sur le non-essentiel). Le trait gros-nez de Gaël s’avère idéal pour retranscrire en images le destin lamentable et néanmoins poilant du groupe rock le plus ignoré de la planète…
