L'histoire :
En se promenant en forêt, les schtroumpfs mettent à jour un piège de Gargamel, relié à une cloche en guise d’alerte. Tapis dans les fourrés, ils assistent hilares à la déconvenue du sorcier qui accourt, persuadé d’avoir capturé un schtroumpf. Ils l’entendent alors se lamenter et soliloquer sur sa triste condition de solitaire, lui qui rêverait avoir une tendre compagne au foyer… Il n’en faut pas plus au Grand Schtroumpf pour avoir une idée : si Gargamel trouvait une épouse, il serait sans doute plus gentil et il arrêterait de leur pourrir la vie ! Avec un groupe de schtroumpfs et l’aide du sage Homnibus, ils décident de donner un coup de pouce matrimonial à leur ennemi. Margot, une voisine rousse, mignonne et vendeuse d’herbes aromatiques, leur semble être un bon choix. Le jour J, Olivier, l’assistant d’Homnibus, joue donc les entremetteurs sur le marché du village, en faisant croire à Gargamel et Margot, chacun de leur côté, qu’ils ont gagné un repas gastronomique à l’auberge du Gras Goret. Le sorcier et l’herboriste se retrouvent ainsi « fortuitement » à la même table. Caché sous la table, le schtroumpf farceur espionne la discussion… mais c’est une catastrophe : Gargamel n’a aucune notion de galanterie et de séduction…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Hé oui, jadis, bien avant le succès des sites de rencontres et de la télé-réalité qui espionne des concurrents sur le terrain du charme, il fallait compter sur les schtroumpfs pour jouer les entremetteurs ! Le coaching conjugal de Gargamel est en effet l’axe central de ce 32ème opus, qui part d’une intention louable : dans leur grande sagesse, les Schtroumpfs comprennent que si leur ennemi juré est aussi méchant à leur égard, c’est sans doute parce qu’il est malheureux en amour. Réciproquement, s’il avait une bonne petite femme aimante dans sa chaumière, il leur ficherait donc la paix ! Le sens moral et la psychologie sont donc toujours présents dans l’œuvre culte de Peyo, sous-jacents du divertissement assuré. Car la concrétisation de cette hypothèse de départ s’avère une entreprise de longue haleine. Le chantier de séduction est en effet monumental concernant la dégaine et les manières de Gargamel. C’est habile, car chaque spécialiste schtroumpf se trouve être un coach idéal dans son domaine : le schtroumpf coquet pour relooking, la schtroumpfette pour le maintien, le schtroumpf costaud pour les abdominaux, le schtroumpf poète pour les mots doux, le schtroumpf gourmand pour le régime préalable… et la cuisine fine lors du premier rendez-vous. Cela dit, rarement une aventure se sera autant déroulé parmi les humains – on n’en avait pas croisé autant depuis La flute à six Schtroumpfs. Cet environnement humain, ainsi que le rapprochement inhabituel entre les lutins bleus et leur ennemi, alliés à un trait de dessin un tantinet moins rigoureux que d’ordinaire (par Jeroen de Coninck, notamment sur le personnage de Gargamel), contribuent à nous éloigner (momentanément) de « l’âme » de la série. Rien de grave toutefois, les Schtroumpfs retrouveront sans doute leur village et leurs usages au tome 33…