L'histoire :
En 1938, après 12 années passées au Congo, Thomas est de retour dans ses Ardennes belges natales. Officiellement, il a le mal du pays ; officieusement, il s’est fait viré après avoir couché avec la femme du gouverneur. L’un de ses premiers plaisirs est la dégustation d’un bon vin en compagnie de son vieux pote Joseph, devenu curé entre temps. Thomas sait qu’il va raviver des tensions, notamment avec son frère Charles avec lequel il a toujours été en opposition frontale. Entre eux, il y a une sempiternelle querelle politique, car Thomas est plutôt révolutionnaire, rouge dans l’âme, tandis que Charles est partisan de l’ordre nouveau qui s’établit un peu partout en Europe. En Belgique, c’est Léon Degrelle qui représente le mouvement rexiste pro-nazi et il monte en puissance. Autre raison de son retour, Thomas compte aussi restaurer et faire fructifier le petit hôtel récemment reçu en héritage par l’oncle Lucien. Mais il y a aussi Alice, pour laquelle les deux frères se sont jadis battus… et Charles a fini par l’épouser. Ensembles, ils ont eu 2 enfants, qui aimeraient voir leur oncle du Congo…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour la prestigieuse collection Signé du Lombard, l’inséparable duo Eric Warnauts et Raives livre la première partie d’un joli diptyque historique. Celui-ci focalise sur un contexte familial et rural, aux prémices de la seconde guerre mondiale, avec tout son bagage de controverses, anciennes et nouvelles. L’Histoire politique de la Belgique se mêle intimement aux brouilles politiques et conjugales de deux frères : le cadet est communiste et révolutionnaire ; l’ainé bourgeois est séduit par le discours fasciste. En outre, tous deux aiment ou ont aimé la même femme, qui joue toujours trouble jeu. L’image de la fratrie tourmentée prend un sens singulier quand on sait que celles de ces deux auteurs est particulièrement imprégnées de 9e art (Eric Warnauts est le frère de Marc-Renier ; Raives celui de Servais). De même, les relations tendues qu’entretiennent ces deux personnages font comme un écho aux dissensions qui divisent (déjà !) la Belgique à l’époque. Leur discorde devrait culminer et trouver des conséquences concrètes dans le second volet à venir, qui couvrira les 6 années de guerre. Parfois difficile à suivre, en raison des non-dits et d’une certaine distanciation avec les faits, le récit table néanmoins sur des dialogues mordants et cyniques, réjouissants. Le dessin réaliste doux et peaufiné rend un bel hommage au cadre champêtre, magnifique. Il est comme toujours réalisé à quatre mains et en couleurs directes, sur un mode collaboratif étonnant, qui carbure néanmoins impeccablement depuis 25 ans.
