L'histoire :
A Kinshasa, au Zaïre, en 1974. Tshilanda est la fille du chef de la sécurité d’un luxueux hôtel où séjournent les musiciens de James Brown, qui doit donner un concert pour que le spectacle soit plus grand encore. Tshilanda, à 16 ans, est en train d’éclore et sent le regard des hommes sur elle. Un diplomate français est très respectueux d’elle. Le batteur de James Brown, Mike, semble en tomber amoureux. Mais c’est à Alan McLaren, le manager du groupe de James Brown, qu’elle a envie de plaire, et qui la prend contre son gré. Bouleversée, elle se confie à Mike qui la rassérène. Quelque semaines plus tard, elle se confie au téléphone à Edouard, le diplomate français, et lui apprend qu’elle est enceinte. Mike, qui est revenu de Da Nang changé, très militant de la cause des noirs frappés par la ségrégation, décide de prendre la jeune femme sous son aile et de l’amener en Amérique. Il demande l’aide d’Edouard pour avoir rapidement les papiers nécessaires. Tout au long de sa vie et de celle de sa fille, Liberty, Tshilanda pourra compter sur l’amour désintéressé de ces deux hommes que tout oppose.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Paru en 2010 au lendemain de l’élection de Barack Obama, Liberty ressort chez Le Lombard dans une belle version avec de jolis cahiers de croquis et des dessins en fin d’album, des photos de modèles, etc. Eric Warnauts et Raives, qui écrivent et dessinent à quatre mains, livrent un récit tendre et plein d’espoir sur la nature humaine, avec ces deux hommes très différents (le batteur noir junkie, vétéran brisé du Vietnam et le fils et mari de bonne famille blanc et blond, diplomate à l’ONU) qui vont aider la jeune fille noire à fuir sa condition de fille-mère dans un Congo encore très conservateur pour les Etats-Unis qui ne sont pas encore émancipés du ségrégationnisme… On suit ensuite le parcours de Liberty, sa fille, qui s’affranchit peu à peu des craintes et des hontes qui pèsent sur les épaules de sa mère. Le thème est beau, le propos est quelquefois un peu compliqué à suivre, avec des flashbacks et un narrateur changeant, puisque les quatre protagonistes de l’histoire se partagent les points de vue. Les dessins sont en revanche très beaux et les couleurs donnent une valeur poétique à de nombreux tableaux. L’album a bien vieilli et il reste malheureusement encore d’actualité, que ce soit pour la place des femmes ou des noirs dans les sociétés, d’un côté à l’autre de l’Atlantique, d’un côté à l’autre de la Méditerranée.