L'histoire :
Au cœur des Etats-Unis, en 1861, un homme redoutable avec ses colts poursuit un but mystérieux, sur les traces du pasteur Markham. Arrêté lors d'une fusillade où il n'a été que légèrement blessé, il est pris en charge par le nouveau shérif de la ville de Holton. Ce dernier est totalement à la solde de Harper, un homme très riche qui dicte sa loi dans cette petite ville du Kansas. Lorsqu'il emporte son prisonnier vers une ville voisine, c'est en réalité pour l'abattre en route. Mais l'ancien shérif intervient et le sauve. L'homme poursuit sa route en solitaire, mis sur la bonne piste par un groupe d'esclaves libérés par Markham, qui a perpétré un nouveau massacre sur leurs anciens propriétaires. Car les convictions abolitionnistes de Markham ne sont pas guidées par le sort des populations noires, mais par une vision sectaire manipulée par des enjeux politiques et économiques sous-jacents à la guerre de sécession toute proche. Et celui qui le cherche a un compte personnel à régler avec lui, qu'il ne veut révéler à personne. Il est très vite rejoint par une troupe de ruffians qui, eux aussi, veulent mettre fin aux raids meurtriers du prêtre, avec le but politique de défendre le maintien de l'esclavage. L'inconnu qui se fait appeler Mister va tenter de négocier sa collaboration au sein du groupe, mais il va vite comprendre qu'il devra travailler seul. L'heure du face à face approche.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Si tout dans l'aspect de cette nouvelle série rappelle Durango, l'approche du récit est différente, avec notamment ce regard intéressant et complexe sur les rivalités entre esclavagistes et abolitionnistes, et les enjeux économiques de l'affrontement qui marquera l'Histoire des Etats-Unis. Le personnage central et ses pouvoirs mystérieux lorsqu'il touche le bras d'une autre personne est assez dense pour porter le suspens à lui tout seul. Le dessinateur lui donne un visage extrêmement fort aux traits très précis, révélant un talent assez rare. Il s'appuie sur ses qualités techniques avec assurance et une finesse de trait qui n'a fait que progresser au cours de sa carrière. Il se fait visiblement plaisir dans des scènes complexes pleines de purs personnages de western, ou dans les paysages enneigés qu'il traverse. L'intrigue se poursuit avec une certaine lenteur, qui invite à une lecture posée, marquée évidemment par des scènes d'affrontement. Yves Swolfs n'est quand même pas devenu un enfant de chœur. L'histoire se poursuivra au delà de ce tome 2, c'est une bonne nouvelle pour les fans de l'auteur complet, qui gère très bien la progression de son intrigue. On est donc dans un pur western mais pas un western spaghetti, où l’enchaînement des coups de feu tiendrait lieu d'intrigue. Il y a un petit côté crépusculaire chez ce personnage, dont on ne demande qu'à découvrir les secrets cachés depuis son enfance de petit garçon blond dans une famille indienne.