L'histoire :
Les Sleeping Watermelon sont particulièrement déçus. Alors qu’ils mettaient tous leurs espoirs dans le dernier tremplin rock, leur groupe ne l’a pas emporté. Parmi les membres, Greg est le seul qui peine à se faire à l’idée de ne pas devenir célèbre grâce à sa musique. Il s’imagine au quotidien être interviewé, poursuivi par des fans. Ces derniers mois ont été particulièrement tendus, parmi la bande de potes. Il y a bien un secret que n’a jamais révélé l’anesthésiste. Quelque chose de bien trop grave, qu’il ne divulgue qu’au travers des paroles de la chanson qu’il essaie depuis longtemps d’imposer : Love Song. Le groupe ne veut pourtant pas lâcher l’affaire. C'est alors que tombe une bonne nouvelle : ils vont faire la première partie de Blur. Emily, la femme de Manu et sœur de Greg, vient les voir en répétition. La jeune mariée tombe par hasard sur les textes de la chanson de son frère écrits sur une feuille. En la lisant, celle-ci comprend que Greg fait une véritable déclaration d’amour à sa personne et surtout lâche sans retenue, ou presque, la fois où ils ont consommé leur amour interdit...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il aura fallu être patient pour lire la conclusion du Polyptique de Christopher, Love song. Après trois années d’attente, les lecteurs peuvent enfin en apprendre plus sur Greg, le seul membre de cette bande de copains, trentenaires et fans invétérés de rock, qui n’a pas été jusqu’ici mis en avant. Ce quatrième album reprend la formule des précédents, à savoir une progression des personnages et de leur histoire au travers de références musicales. Un régal jusqu’ici, pour les amateurs de musique et de récit chorale (sans jeu de mot). Après les Beatles, les Rolling Stones et les Kinks, ce sont cette fois les Who qui servent à la base du titre. La couverture hommage à leur premier album My generation met immédiatement dans l’ambiance. Le choix du groupe anglais est particulièrement bien choisi pour illustrer le leader des Slepping Watermelon. Considéré comme les pères fondateurs du punk, les Who ont été jusqu’à créer un opéra-rock ultra-célèbre, du nom de Tommy. Pour Christopher, cela est sans nul doute le meilleur moyen de montrer les différentes facettes de Greg, des déboires de son imagination dissimulant des regrets ou encore son lourd secret, une métaphore sur la noirceur de son protagoniste et la complexité de l’âme humaine. Avec Boulette, l’auteur avait déjà façonné un récit plus sombre. Pour Greg, il réutilise les mêmes ressorts et surprend en s’attaquant à la thématique, jamais facile, de l’inceste. Christopher ne ménage pas ses personnages et se garde bien de les juger. Tout au long de ce volet, on sent véritablement la situation déraper et la spirale infernale se créer. La lecture de Greg est troublante, émouvante et poétique aussi. La conclusion de l’album (et de la série) est d’ailleurs fort bien trouvée. Le trait moderne de Christopher reste inchangé et toujours agréable. Son style lisible et spontané fait désormais sa marque de fabrique. A signaler aussi quelques grands moments, comme le chapitre See me, feel me qui, bien que troublant, dégage une atmosphère mémorable. Ce quatrième opus de Love Song est grandiose et totalement maîtrisé. Le genre de titre où la sensibilité de son auteur transpire, purement et simplement.