L'histoire :
Lozère, juillet 1996. Dans une forêt isolée, des individus vêtus d’étranges combinaisons parcourent les sous-bois, traquant des cobayes pour les mettre dans des frigos. Leur mission, mystérieuse et secrète, va rapidement déraper, laissant derrière elle plus de questions que de réponses. Presque 30 ans plus tard, en juillet 2024, un autre plan sombre se met en place. Un avion chargé d’enfants est destiné à s’écraser, destiné à tuer la majorité des passagers. Cependant la réalité se heurte à l’imprévu car plusieurs enfants survivent, avec une volonté de fer de ne pas disparaître. La plupart d’entre eux se retrouvent à Colozi, une colonie qui n’a rien d’un lieu de tout repos. Derrière ce nom presque anodin se cache une réalité inquiétante, empreinte de secrets et de souffrances. Ces jeunes survivants, ces alevins, n’ont pas été choisis au hasard. Ils détiennent un rôle précis, essentiel pour l’avenir du monde… mais à quel prix ? Cela soulève des questions éthiques lourdes. Que cherche vraiment ZI Nation ? Quels sombres desseins se cachent derrière ces expérimentations humaines ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
On retrouve ici l’esprit cruel et absurde l'humour noir propre à Stan Silas. Qu’un enfant se fasse littéralement hacher menu par une hélice d’avion ou explose après avoir avalé un simple flageolet, cela est présenté comme parfaitement normal, au vu des circonstances. Les cadavres s’accumulent et jamais sans une certaine ingéniosité macabre dans leurs façons de périr. Alors ne vous attachez pas trop aux personnages, vous ne devinerez jamais qui est le prochain. La chasse est ouverte. Il faudra faire preuve de ruse et d’adaptabilité pour espérer survivre. Ceux qui n’y parviendront pas mourront… et même ceux qui s’en sortiront, la fatalité pourrait bien les rattraper. « Bien sûr que vous allez mourir. Les enfants en bonne santé, on les envoie pas s’écraser en avion… On n’est pas des monstres. » (p. 81) Ce parti pris audacieux et second degré permet de bâtir une aventure complexe, peuplée de nombreuses voix et d'enjeux. Progressivement, des éléments de contexte nous sont livrés, nous donnant des billes pour comprendre le pourquoi et le comment de ce chaos. On n’a vraiment pas le temps de s’ennuyer. Mêler un récit dense, riche en péripéties, avec des scènes situées en France et la menace du nucléaire pourrait sembler casse-gueule. Et pourtant, tout est maîtrisé et les rebondissements ne manquent jamais. Les clins d’œil à la pop culture, de Super Mario à Freddie Mercury, en passant par Le Projet Blair Witch émaillent le texte avec une folle énergie. Ce mélange de références intergénérationnels fonctionne et ainsi chacun y trouve son compte. Au final, ces 198 pages ne laissent jamais place à l’ennui.
