L'histoire :
Le lendemain de l’appel du 18 juin 1940, à l’aube, André embarque sur un petit voilier de pêcheur, pour rejoindre De Gaule à Londres. Il a été particulièrement convaincu par son discours radiophonique et par la nécessite de résister à l’envahisseur nazi. Avec quelques dizaines s’autres jeunes français expatriés, il sera formé et entrainé, pour finalement revenir agir sur le territoire français, deux mois plus tard. A Paris, il retrouve alors sa fiancée, Sonia, une juive communiste… qui venait juste de succomber, pour une nuit, aux charmes de son ami Louis. André sent que Sonia lui cache des choses et il la suit en cachette. Quelle surprise lorsqu’il découvre qu’elle collabore pour la kommandantur de la Capitale ! Il faut dire qu’on ne lui a guère laissé le choix… et qu’elle espère en tirer profit pour son réseau communiste. Le soir venu, André la quitte dans une ambiance pesante de reproches, pour rejoindre, en train, un contact à Vichy. Quelques jours plus tard, il est de nouveau à Paris, chez Sonia. Par hasard, ils croisent Louis sur le trottoir, qui s’occupe quant à lui de marché noir. Il les invite à dîner, un soir. Sonia est mal à l’aise. Elle sera encore plus déstabilisée lorsqu’en arrivant chez lui, André et elle seront accueillis sur le pas-de-porte par la pétillante Mathilde, petite amie de Louis…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Comme les férus d’Histoire le savent, les tensions s’accroissent fin 1940 dans la capitale française occupée, avec les premières lois anti-juives côté nazi et les premiers actes de résistance côté alliés. La vie sous l’occupation se dévoile ainsi plus en profondeur dans ce second opus (sur 4 prévus), sans jamais appesantir la narration, pour forger un contexte de fond qui se nourrit essentiellement des relations entre les protagonistes. Car ce sont les rapports sentimentaux et rivaux entre les 3 héros omniprésents – André, Louis et Sonia – qui tiennent surtout le lecteur en haleine. Le coup du trio amoureux sous l’occupation nazie est un vieux standard des récits de guerre romanesques (cf. le film La neige et le feu, la BD Le Sursis…). Le personnage de Louis y gagne cette fois en profondeur : le je-m’en-foutiste du premier tome a laissé place à un amoureux transi ; avec son engagement gaulliste, André prend également une carrure plus mature ; et Sonia est visiblement tiraillée par ses émotions, en même temps qu’elle souffre d’être contrainte à collaborer. Bref, l’air de rien (sans mauvais jeu de mot), Jean-Christophe Derrien fait le tour des différents aspects de cette période trouble de notre histoire. Le scénariste signe là une mécanique romanesque habilement tissée, qui s’appuie sur la griffe semi-réaliste soignée de Claude Plumail. Sans atteindre les exceptionnelles qualités d’Il était une fois en France, Résistances s’inscrit dans cette même lignée, juste un cran en dessous. Comme pour le premier opus, ce second volet s’achève par un flash-forward ne laissant aucun espoir quand à la destinée tragique des protagonistes. Mais la révélation qui nous est offerte a de quoi surprendre et incite franchement à vouloir découvrir les deux autres albums prévus…