L'histoire :
L’écrivain Nicholjack, sa femme et son fils voyagent en voiture sur une route escarpée de montagne, en direction d’un hôtel dépeuplé. Hors saison, il va garder la bâtisse et en profiter pour travailler au calme extrême sur son nouveau roman. La route est interminable. A chaque virage, ils ont la sensation d’être revenu au virage précédent. Enfin, ils arrivent à l’hôtel et Nicholjack se met intensément au travail, sur sa machine à écrire. Mais il écrit une phrase unique, des milliers de fois, comme une punition : « All work and no play makes Jack a dull boy » (Trad : Tout le travail et aucun jeu font de Jack un garçon ennuyeux). Quand il rejoint sa famille pour les repas, sa femme prend des nouvelles de l’avancée de son roman, mais cela agace fortement Nicholjack, qui devient agressif. Parfois, le téléphone sonne. Nicholjack décroche. Quand il raccroche, il affirme que c’était son éditeur qui demandait comment il avance. De temps en temps, sa femme pénètre discrètement dans son bureau pour constater ladite avancée de son œuvre…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
On se demande bien quelle était l’intention des auteurs pour ce petit bouquin carré à couverture souple, qui délire autour de la thématique du Shining de Stephen King, adapté au cinéma par Stanley Kubrick en 1980. Le personnage de Nicholjack, c’est bien évidement une parodie de celui incarné par Jack Nicholson sur les écrans. Les auteurs vont jusqu’à redessiner par moment à l’identique la fameuse affiche du film, qui montre son visage enragé à travers les planches de la porte qu’il a défoncée à coups de hache. Cependant, nulle possession démoniaque ici. Nicholjack est juste un écrivain médiocre qui écrit véritablement un « roman »… ou pas. Car chaque page de gauche montre une même case de machine à écrire calée sur un même proverbe anglais identique (voir résumé) répété des dizaines de fois, comme une punition. Cette phrase a été elle-même été popularisée dans The Shining (le film). Chaque page de droite dévoile un gaufrier de 4 cases, mais seulement trois séquences uniques. Outrageusement dupliquées et dessinées rapidement de manière un peu trash, elles comportent juste quelques modifications de répliques (sans intérêt). Séquence 1 : le voyage en voiture vers l’hôtel dure 30 pages (quasi muettes). Séquence 2 : l’écriture du bouquin dure 146 planches (bon ok, il y a les parenthèses de la reprise de l’affiche, et de l’épouse qui regarde en douce ce qu’il écrit). Séquence 3 : Nicholjack est interviewé dans l’émission de Bernard Pivot, le jour même de la célèbre altercation entre Cavanna et Bukowski bourré. Voilà. On a tout dit et on ne voit pas trop qui trouvera un intérêt à ce bouquin. Il est probable que la réalisation complète de cette BD hors-sol n’ait pas pris plus d’une journée. Il devait pleuvoir dehors.