L'histoire :
Bienvenu à un voyage chronologique pour découvrir les évolutions des saveurs, des pratiques culinaires, de leur voyage, de leur adaptation. Commençons par la Préhistoire, qui est déjà une très longue période en soi. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, les hommes ne se nourrissait pas uniquement du bison chassé la veille et de quelques feuilles ramassées par-ci, par-là. Les choses étaient beaucoup plus poussées, jusqu'à l'élaboration de boissons fermentées. Tout change avec les grandes civilisations. « L'histoire commence à Sumer. Au IIIème millénaire avant JC, se développent les premières cités-Etats. Ce sont des sociétés organisées autour des premiers rois, pour qui la cuisine constitue un ciment social ». On part à la découverte de la richesse des épices, des cuissons, de l'équilibre des saveurs, des boissons alcoolisées. Et ce à travers la culture mésopotamienne, égyptienne, chinoise, indienne, méso-américaine et sans omettre la chinoise avec le Maître Zhou et les cinq éléments fondamentaux. Les cuisines grecques et romaines ont laissé plus de traces archéologiques et littéraires. Il est facile d'étudier les morceaux consommés, quand et comment. On peut suivre la progression du lien entre place sociale et victuailles. Les rites changent assez peu selon la zone géographique. Contrairement aux innovations qui vont de bon ton avec la circulation des aliments dans l’espace méditerranéen antique. La circulation s'intensifie à l'époque médiévale, avec l'essor de cuisine arabe, elle aussi très variée. Qu'ils soient nomades ou pas, les échanges permettent sans cesse d'aller plus loin de ce que l'on connaît...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans la collection L'incroyable histoire des Arènes BD, on avait déjà : la médecine, les animaux, le sexe... Benoist Simmat n'en est d'ailleurs pas à son coup d'essai, puisqu'il a déjà écrit le scénario pour l'histoire du vin et de l'immortalité. Il partage sa passion d'historien avec ce nouvel ouvrage consacré à l'histoire de la cuisine, de la préhistoire à nos jours. 500 000 ans d'aventures culinaires résumées en 240 pages. Voilà un pari audacieux, relevé avec courage. Tout ne se résume pas uniquement à des ingrédients et des mélanges. Il faut y faire figurer les guerres de religions, le besoin de conquêtes, le développement des transports, les possibilités de conservation... Les enjeux géopolitiques tiennent une place prépondérante. Le scénario est assez bien fait au vue de la période à traiter. Il se concentre vraiment sur le sujet en excluant ce qui lui demanderait du temps d'explication avec de la vaisselle, des matériaux, des classes sociales... Il donne le contexte à titre d'indication pour que le lecteur comprenne les évolutions dans leur globalité. Par contre, il est dommage que les sources ne soient plus récentes, car l'Histoire s'écrit encore aujourd'hui à travers un prisme plus ouvert, des technologies plus poussées et des expérimentations. Le dessinateur Stéphane Douay se met au service du texte, avec la dure charge de trouver les bonnes illustrations. Il propose une structure assez classique pour ne pas dérouter le lecteur ordinaire. Par contre, les dessins manquent parfois de précision. Après quelques pages, on y fait beaucoup moins attention. Toutefois, il peut paraître étrange de suivre toute cette longue période historique avec uniquement des hommes. Les représentations restent celles qui étaient propagées au XIXème siècle pour asseoir l'idée que l'homme est supérieur à la femme. Au moins, cela est affiché dès les premières pages avec la représentation des hommes qui vont chasser et des femmes qui restent l'air hébétée dans la grotte ou qui vont ramasser des plantes, des fruits... Cette représentation n'est plus d'actualité depuis un moment. Le dernier livre de Titiou Lecoq nous informe pourtant que la femme n'est pas un pot décoratif ou un incubateur humain. La remarque est valable aussi pour les faits historiques ici relatés, qui soulignent que la cuisine reste une histoire de couilles. Pour les profanes, il n'est pas évident d'avoir un regard critique sur tout. Mais où sont les fameux noms de Madame de Pompadour, Mlle O’Murphy, Eugénie Brazier, la mère Brigousse, la mère Léa, la mère Maury, Marie Bourgeois, Fannie Merritt Farmer, Anne-Sophie Pic, Hélène Darroze... autant de noms qui ont œuvré pour des tournants gastronomiques majeurs. C’est même Eugénie Brazier qui a formé le fameux Paul Bocuse qui faisait alors de la cuisine de femmes. Les noms de Mme Mérigot, de Laura Scudder, d'Helena Rizzo ne font pas le poids face à la part consacrée uniquement à ces messieurs. Mis à part cette critique très genrée, on observe les influences, les inspirations, les régimes... L'ouvrage se picore car la lecture d'une traite risque de vous chauffer la tête. Rien de tel pour mettre en appétit et voir autrement ce qu'il y a dans nos assiettes.