L'histoire :
Paderborn, Westphalie, an de grâce 777. Charlemagne fête comme il se doit la récente soumission des saxons. Alors que les réjouissances s’enchaînent jour et nuit, il reçoit la visite du gouverneur de Saragosse qui vient lui demander de l’aide pour renverser le cruel Abd Al Rahman. En échange, il pourra étendre son empire jusqu’aux rives de l’Ebre. Intéressé par la proposition, Charlemagne répond à son visiteur que ça demande réflexion. Au même moment, au pays basque, se déroule une mystérieuse cérémonie. Une femme annonce un avenir de douleur et de mort qui sera l’œuvre de ceux qui viendront de loin avec leurs armées en faisant grand bruit. La triste prophétie ne tarde pas à se répandre parmi la population. A la fin de l’année 777 Charlemagne accepte la proposition faite par l’ambassade arabe. En avril, les plans de campagne sont prêts. Deux armées marcheront vers le sud. L’une menée par le duc Bernard passera par Barcelone, la seconde menée par Charlemagne passera par la Gascogne puis elles se réuniront à Saragosse…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Feu Antonio Hernandes Palacios (Manos Kelly…) était fondu de dessin. Il suffit d’observer n’importe quelle page de son œuvre pour s’en rendre compte. Roncevaux, suivi de Garin dans cette édition, sont des témoignages de sa passion pour le 9ème art, son audace créatrice et sa folie du détail (le cahier bonus raconte ça très bien avec, en prime, des planches en noir et blanc). Roncevaux est une évocation de cette période fondatrice de l’empire Franc, où la soif de conquérir habitait Charlemagne à tel point qu’il sacrifia sans hésiter des milliers de vies au sein et en dehors de ses armées. Le trait ciselé, les vignettes chargées à en déborder, la colorisation audacieuse, voire sauvage, donnent le ton et la touche « seventies » de l’ensemble dessiné fait le reste. Les dialogues sont secondaires tant tout se joue dans l’impact visuel de chaque page. L’histoire montre un Charlemagne de peu de foi qui se venge sur des innocents pour ne pas perdre la face. Cette version rend crédible cet aspect lamentable de sa personne. 1240 après, on peut bien le dire : Charlemagne était un bel enfoiré ! Ce qui participe d’ailleurs beaucoup du charme de cette histoire illustrée par des planches aussi épiques que ce qu’elles sont : une version inattendue de la Chanson de Roland. Pour finir, vient Garin, jusqu’alors inédit en album. C’est un chevalier solitaire qui sauve le royaume de Tyrannie du joug du duc de Mont Agnenoire et du dragon qui vit dans une caverne… Kitch à souhait, savoureux de naïveté et sans pitié pour les méchants. Un régal d’un autre temps.