L'histoire :
2027. Une plateforme pétrolière de l’Atlantique Nord est évacuée en urgence. Ceux qui partent à bord de canots étanches ont plus de chances que ceux qui prennent les hélicos. Ils survivront en effet aux bombes nucléaires qui explosent un peu partout à la surface de la Terre. 2028. L’hiver nucléaire est virulent. Un groupe d’hommes emmitouflés dans des combinaisons antiradiations explorent les ruines d’un monastère en Ecosse, espérant y trouver de l’or. Il semble qu’une communauté de cisterciens ait survécu ici un certain temps. 2029. A bord d’un sous-marin norvégien, des militaires se demandent s’ils sont les derniers marins à voguer encore sur mer. Ils envisagent un accostage de ravitaillement. A 4700 mètres de profondeur dans la mer de Béring, Lou Melville la femme-poisson vit toujours au milieu des tritons antiques, cette race d’humanoïdes des grandes profondeurs. Elle veille sur un « troupeau » de mégalodons, qu’elle préserve des eaux irradiées, telle une bergère des mers, dans le sanctuaire du Kamtchatka. L’un de ces prédateurs est plus violent que les autres, elle l’a surnommé le « bagarreur ». Lou tente alors de négocier une migration vers la fosse de Milwaukee, un milieu plus adapté pour cette espèce… et elle souhaite tenter un retour à la surface. Elle est notamment curieuse de partir en quête de son père Kane et de son ami London Donovan, à condition qu’ils aient tous deux survécu à l’apocalypse…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Un nouveau cycle de Carthago, qui se passe dans le futur de la période d’anticipation précédemment entrevue !? Les détracteurs disent déjà que Christophe Bec tire un peu sur la corde. C’est faire fi des capacités de renouvellement de ce diable de scénariste, toujours à la pointe de l’exploitation des terrains scientifiques. La scène d’ouverture nous donne une ambivalente tonalité énigmatique et explicite : 2027, c’est la date de l’apocalypse atomique mondiale. Puis 2028 : l’hiver nucléaire qui s’ensuit porte bien son nom. L’intrigue principale se passera encore l’année suivante, en 2029, et dans deux cadres principaux : les grandes profondeurs « préservées » de la connerie humaine et une plateforme pétrolière « bricolée » par des survivants. Nous retrouvons Lou Melville, bien intégrée au sein de la peuplade humanoïde sous-marine qui l’a adoptée, mais aussi les mégalodons qui font le sel premier de la série. Le devenir de cette espèce de requins géants préhistoriques est le cœur de la problématique, même si l’aspect le plus séduisant de cette mise en bouche est cette communauté sectaire, obscurantiste et isolée sur une plateforme pétrolière abandonnée ! On trouve des relents d’Alien 3 côté ambiance, et une infinité de possibilités de développements pour la seconde partie qui conclura le cycle. On découvre de nouveaux personnages… et quelques anciens… mais pas (encore) tous. On retrouve surtout le fabuleux dessin réaliste d’Ennio Bufi, toujours impressionnant de justesse sur les proportions, les cadrages, les éléments technologiques et les effets vertigineux, même si légèrement froid question expressivité.