L'histoire :
Quelques années après la guerre mondiale apocalyptique. Pour échapper aux bandes de pilleurs survivants mais barbares, une communauté de moines catholiques écossais s’est réfugiée sur une plate-forme offshore abandonnée, à l’abri des radiations. En ce lieu coupé du monde, en autarcie, ils peuvent pratiquer leur religion de manière absolue. Mais une faction d’entre eux s’est mise à vénérer un dieu très particulier : un requin géant, prédateur ultime, qu’ils ont baptisé « Abzu ». Ils ont aussi repêché une jeune femme blessée mais vivante : Lou Melville, femme-poisson munie de branchies ! Car Lou, qui vivait depuis des années dans les grandes profondeurs de l’océan, au sein de l’ethnie lacustre des tritons, s’était mise en transhumance pour accompagner un clan de requins géants au fond d’une fosse très profonde. Mais chemin faisant, son « aéronef » avait été endommagé par un tir de lance-roquette provenant d’un sous-marin militaire rescapé. Soignée au sein de la plateforme, Lou a ainsi découvert la communauté archaïque de moines, mais aussi leurs rivalités intestines et leurs croyances absurdes. Elle est totalement remise sur pieds lorsque les antagonismes atteignent leur apogée : les moines se livrent alors entre eux à un combat d’une grande violence…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce tome 14 de Carthago permet de refermer le cycle du Bagarreur, dont le contexte temporel se situe après l’apocalypse nucléaire sur Terre. Il semble que cette époque future peu reluisante soit propice au développement des requins et mégalodons géants, sujets centraux de la série. Déjà qu’un mégalodon est un requin primitif et géant, imaginez un peu les dégâts provoqués par une morsure de « mégalodon géant » ! On retrouve notre aimable héroïne, Lou Melville, femme-poisson qui semble indestructible : elle résiste aux températures et à la pression des grandes profondeurs marines, mais aussi aux mordillages de ses bébêtes préférées. Elle se débat surtout au milieu d’une intrigue un peu bourrine, mais parfaitement rythmée par le scénariste Christophe Bec. A noter que cet arc futuriste se referme en diptyque… mais il s’ouvre assez clairement sur un prochain cycle à venir. Visuellement, il semble qu’Ennio Bufi ait encore monté d’un cran son niveau artistique. Le découpage de Bec exploite d’ailleurs extrêmement bien ce talent en amont, ce qui aboutit à des planches très spectaculaires. En soi, une plateforme offshore permet des angles de vues vertigineux… et des mégalodons géants comportent aussi une bonne dose de frissons. L’alliage des deux, ajouté à la sauvagerie humaine – sans doute très naturelle, quand on est soumis à la fois à l’embrigadement d’une secte et au crépuscule de l’humanité – avec une dose de haute technologie d’avenir, permet d’aboutir à un climat de tension explosif ultime et à des scènes impressionnantes. Du sacré beau boulot.