L'histoire :
Quelque part au nord de l'Alaska. Un jeune homme suit la piste d'un loup ensanglanté. Il lui est facile de suivre les traces écarlates qui forment des traînées sur la neige. D'autant plus qu'aujourd'hui, le soleil irradie l'immense plaine qu'il arpente. Epuisé, le loup arctique s'allonge alors sous un arbre, à l'orée d'une forêt. L'homme s'approche et tente de le rassurer en lui parlant. Il n'est pas là pour lui faire du mal, bien au contraire. L'animal le sent, car il se laisse soigner. D’abord, ôter le collet de métal qui a meurtri sa patte, puis préparer un cataplasme à base de mousse végétale, facile à trouver sur l'écorce des arbres. Enfin, prodiguer les soins. L'homme n'a plus qu'à regarder le majestueux canidé s'éloigner, en lui souhaitant de vite retrouver sa meute. London Donovan continue sa route. Quelques temps après, il arrive à hauteur de baraquements. Se tenant à bonne distance, il interpelle les quatre hommes qui s'affairent autour d'un traîneau. Le collet en métal qu'il a conservé est un matériel prohibé et il leur fait remarquer qu'un loup s'est pris dedans. La réponse est cinglante : « Eh gamin ! Occupe-toi de tes affaires, ici c'est notre territoire ». Celui qui vient de lui répondre soulève alors une bâche et lui montre des dizaines de peaux de bêtes...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il y a des séries qui tirent excessivement en longueur et qui finissent par lasser les lecteurs. Carthago échappe à cette catégorie, avec un troisième cycle qui continue tambour battant ! On retrouve ainsi London Donovan, lancé dans une course contre le temps pour une mission de sauvetage abyssale. Le hic pour l'équipage du Léviathan, sous-marin à propulsion nucléaire, c'est qu'il est bloqué au milieu de roches qui se situent sur une plaque tectonique. Son réacteur étant touché, l'enjeu n'est donc plus « simplement » la survie de son équipage, mais celle de l'humanité tout entière, car en cas d'explosion... c'est une chaîne de volcans sous-marins qui se réveillerait. On se retrouve donc une nouvelle fois au bord de la suffocation, et à double titre, puisque Christophe Bec nous fait également voyager à plus de 6400 mètres d'altitude, comme l'indique la couverture, avec son immense yéti en furie. L'effet « balle de ping-pong » joue à plein car on se retrouve ainsi projetés sur autant de plans d'action pure... et dure ! Le recours aux flashbacks, procédé narratif classique, a l'avantage d'être limité, évitant ainsi d'obscurcir le récit et d'en casser le rythme. En résumé, ça part dans tous les sens, mais ce n'est jamais confus. C'est exactement ce que traduisent les dessins, fins et spectaculaires, de l'italien Enio Bufi, qui bénéficie des belles couleurs d'Andréa Meloni. Et comme d'habitude, l'album s'achève par un cliffhanger de la mort, qui est bel et bien la menace imminente qui expose Lou et celui venu la sauver ! Fin de cycle annoncée pour le tome à venir, plus ou moins situé à 20 000 lieues sous les dents de la mer, puisque le Mégalodon pointe de nouveau le bout de son museau géant...