L'histoire :
XVIIe siècle, quelque part dans le delta de l’Orénoque (Venezuela d’aujourd’hui). A quelques brasses au large d’une plage de sable où est échouée la carcasse d’une caravelle, le jeune nobliau Gabriel Boissy d’Aigremont est enfermé dans un tonneau flottant. En effet, des pirates l’ont kidnappé et réclament une forte rançon à son père, le marquis des Islette, riche planteur local. Bastien, son laquais, fait office de messager, après avoir été énucléé des deux yeux pour exclure tout repérage géographique. En attendant son retour, Gabriel pourrit littéralement au milieu de la vermine, les 4 membres enchainés à son tonneau. Cependant, une jeune indigène, Lina, lui vient en aide. Elle lui apporte une lime à métaux et prépare un plan d’évasion avec l’aide de son grand-père sorcier, lui aussi enchaîné sur le rivage par les flibustiers. Une fois libéré, Gabriel et Lima attendent la nuit pour s’échapper sur des milliers de plaques flottant sur le delta : c’est la saison des herbes flottantes, précurseur des grandes pluies. Le grand-père se sacrifie alors pour faciliter leur évasion, mais il se réincarne en jaguar, lorsque vient la nuit. Reconnaissant, Gabriel n’a néanmoins que peu d’estime pour cette sauvage, dont il considère la nudité comme un signe de dépravation. Il l’ignore encore, mais Lima est une shamane, la dernière survivante de son clan, qui le conduit vers un destin exceptionnel…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dès la première planche de cette nouvelle série d’aventures historiques, on nous décrit une situation bien peu enviable. En fâcheuse posture au bout du monde, le fringuant héros est kidnappé par des pirates sanguinaires, et il est bouffé par les parasites. Il n’en faut pas plus pour être immédiatement happé par un récit d’aventures qui ne laisse que peu de répit. Jean-Louis Fonteneau change ici radicalement de registre (il a écrit des pièces radiophoniques, scénarise les séries jeunesse Inspecteur Bayard et Brüssli). Les quelques éléments de culture indigène qui étayent son récit apportent beaucoup à la crédibilité du contexte. L’Orénoque, fleuve mystique à bien des égards, aux dimensions d’une mer légendaire au niveau de son Delta, s’avère alors un théâtre idoine pour une équipée rythmée et parfaitement orchestrée, un zest d’onirisme (point trop) par-dessus le marché. La cavalcade tropicale de ceux protagonistes attachants est également dialoguée avec humour. Aux fanfaronnades de Gabriel, empêtré dans son éducation noble, s’oppose l’assurance et la grâce naturelle de Lina, dotée de vastes talents… qu’il reste encore à découvrir. Enfin, l’ensemble est servi par un dessin appliqué quoique classique. Sous la houlette et avec la participation de son professeur Roberto Ricci (Les âmes d’Helios), Matteo Simonacci livre un premier album très encourageant. A noter : curieusement, par moment, Lina aurait comme des expressions d’Ylang (bas de la 11e planche), l’héroïne des Âmes d’Helios…