L'histoire :
Dans ses rêves les plus fous, Aki s’imagine maman d’une petite fille jouant dans un village tapi au cœur de la forêt, où humains et kamis vivraient en harmonie. Son mari Kenshin lui aurait fait encore un autre enfant, un fils probablement, dont elle s’apprêterait à donner naissance. Mais le monde n’est pas ainsi en réalité. Et les peurs rattrapent toujours la jeune femme, transformant ses rêves en cauchemars. La nuit recouvre progressivement le monde et les armées de Noggos du seigneur Kuroga ne cessent de déferler, ravageant tout sur leur passage. Parcourant les distances en rêve, Aki découvre le château où le général a ses quartiers et d’où, aidé par l’esprit tourmenté d’un défunt Yurei, il parvient à animer sa magie noire. C’est alors que, découverte, Aki se réveille en sursaut. A ses côtés, veillant sur elle, Bokken et Rumiko la rassurent pendant qu’ils font prévenir Kenshin et Goemon de l’heureuse nouvelle. Car en effet, voici bien des lunes qu’Aki s’était endormie et que depuis, la chute de l’arbre Munemori ayant profondément affecté le voile Kamigakushi séparant les mondes des hommes et des kamis, les armées de Noggos et guerriers Yamibushis sèment le chaos sans que personne, y compris les Izunas, ne puisse les arrêter…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Démarrée sur des bases prometteuses, la conclusion de ce diptyque inspiré de La Légende des nuées écarlates n’aura pas déçu non plus. Comme pour son prédécesseur, s’il faut d’abord un temps pour rentrer à nouveau dans ce monde de noggos et kamis, une fois dedans, la magie opère. Et l’on comprend sans mal où l’histoire en était et où elle va. Car on comprend aussi rapidement que, depuis les débuts, tout était écrit et qu’Aki, ce kami à l’apparence humaine, était très justement né pour réunifier humains et esprits dans un monde moderne, où l’enchantement d’autrefois n’avait plus sa place. Le lecteur comprendra vite ces paroles un peu mystérieuses (..). Toujours aussi à l’aise, Bruno Letizia et Carita Lupattelli livrent un travail très appliqué. Chaque case semble pensée comme un petit tableau (ou estampe), dont chaque détail est soigné, la composition pensée du trait léger et alerte à la couleur évanescente ou saisissante quand gicle le sang. Il se dégage de l’ensemble une beauté confondante où la poésie n’exclue pas pour autant la cruauté de scènes empreintes de la mort comme de la vie. L’esprit à la fois torturé mais harmonieux, consubstantiellement un, de la culture japonaise, est en cela parfaitement respecté. Enfin, il est fait un sort à chacun des personnages et c’est important. Nul ne paraît avoir été oublié, même s’il est tout naturel que l’intrigue se resserre sur les principaux protagonistes dont l’interaction dépend la réussite finale. Etonnamment, en refermant cet album, on se demande si, de ce second univers né d’un premier, ne pourrait pas naître encore un troisième, tant la richesse du propos s’y prête…