L'histoire :
Il y a 21 millions d’années, durant le miocène inférieur aquitanien, des cétacés géants cohabitent dans l’océan indien avec des mégalodons, c’est à dire des requins géants (jusqu’à 20 mètres de long). Ce soir-là, un mégalodon remonte des profondeurs pour s’alimenter. En compagnie de quelques congénères, ils attaquent un banc de baleines. Ils croquent tout ce qu’ils peuvent : flancs, nageoires, queues… excités par l’odeur du sang qui se déverse dans l’océan. Tandis que le carnage se déroule, le mâle alpha, celui qu’ils surnomment le « balafré », prend son dû. Le mégalodon a envie de contester son autorité, mais le vieux requin est encore vif… Il devra renoncer et patienter encore un peu. Repu, le banc de mégalodons rejoint ensuite les abysses où se trouvent les femelles. La reproduction est proche. La meute traverse un banc de petits poissons et nage donc la gueule béante pour en avaler un maximum. Mais ils sentent une modification subtile dans la pression de l’eau. Alerte, un géant approche : c’est un livyatan, l’ancêtre des cachalots, particulièrement vorace. Il attrape et déchire un premier mégalodon dans sa gueule pleine de dents…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il fallait oser narrer un thriller océaonographique mettant en scène des requins géants il y a 21 millions d’années ! Christophe Bec l’a fait, tout familier est-il devenu avec les Mégalodons qu’il ressuscite dans la contemporaine série Carthago. Evidemment, il y a 21 millions d’années, il n’y avait pas d’humains, donc pas de dialogues… et le minimum de réalisme que réclame l’exercice n’autorise pas le zoomorphisme. Les « intrigues » se dévoilent donc à travers le comportement visuel des requins très précisément dessinés par l'italien Paolo Antiga (à la manière des paléo-artistes) et des encadrés narratifs. Ces voix off relaient les « pensées » d’un mégalodon type (n’importe lequel, ils se ressemblent tous) qui décrit son quotidien dicté par son instinct. La narration adopte donc le ton du documentaire animalier façon Cousteau, focalisant tantôt sur une attaque de baleines, tantôt sur la reproduction avec une femelle, tantôt sur l’exil sous d’autres latitudes, tantôt sur les combats contre d’autres bestioles monstrueuses : calamar géant, crocodile géant, livyatan (ou encore un machin dantesque et dragonesque, pour le coup fantasyste). Au final, ces super-prédateurs pleins de dents et les nombreuses volutes de sang qu’ils provoquent ont beau imposer le respect, les intentions et les résultats de leurs séquences d’attaque restent tout de même un peu confus. On reste cependant hypnotisés par tous ces ballets océanographiques d’un autre temps, au milieu des profonds bleus outremer, comme on pourrait l’être devant un aquarium géant (mais vraiment très très géant)…