L'histoire :
A Moscou, au début des années 2000, Mikhail alias Micha n’a qu’une dizaine d’années lorsque son père, le richissime oligarque Andrei Khodorov se fait arrêter par les autorités du président Paline. Il est tombé dans un traquenard politico-financier et en prend pour des années de goulag et de procès iniques… Il conserve néanmoins pas mal de pouvoir, notamment toute sa puissance financière, et gène considérablement le Kremlin. Pendant plusieurs années, son fils Micha fait ses études dans une pension pour riches de Lausanne, sous la tutelle d’Igor, un garde du corps, molosse mais sympa, ancien de l’armée rouge. Micha a de rares contacts avec son père, par webcam interposée, au cours desquels ce dernier lui raconte d’interminables histoires de famille. En les enregistrant négligemment sur disque dur, Micha ignore alors que ces histoires sont en fait des messages codés. Un jour, enfin, une visite est accordée à Andrei. Svetlana, la détestable belle-mère de Micha, emmène tout le monde, ses demi-frères et demi-sœurs y compris, en Russie, en avion. Une engueulade sur le tarmac pousse Micha à rester 2 jours de plus en Suisse, avec Igor (il ne va tout de même pas louper l’anniversaire de sa copine Isabella !). Or, au Kremlin, Wladimir Paline s’arrange pour que l’avion « s’écrase »… à grand renfort de missile. Tandis qu’Andrei se « suicide » en prison, les médias annoncent que la famille entière est décimée. Micha anéanti par ces nouvelles, Igor assure dans l’urgence : tout le monde les croit morts, il leur faut fuir, refaire leur vie à l’étranger, sous d’autres noms. Micha devient alors Matthieu Kramer. Ils s’installent à Los Angeles et se font oublier quelques années…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Parmi les nombreuses surprises prometteuses de la rentrée 2009, il faut aussi compter sur ce Milan K, épisode pilote d’une nouvelle série d’espionnage et d’action bourrée d’adrénaline. Dans un contexte contemporain très réaliste, Micha, alias Milan K, est étrangement traqué à travers le monde par un régime présidentiel russe particulièrement… crédible. Le président Wladimir Paline est en effet ici un ersatz à peine dissimulé, à tous points de vue, d’un célèbre dirigeant politique actuel (jeu : saurez-vous retrouver lequel ?). Et pour cause : il s’agit en fait de l’extrapolation romancée de la vie de l’oligarque authentique Mikhail Khodorkovski (actuellement toujours emprisonné en Sibérie). En tout cas, ce premier tome est menée tambour battant, avec le même brio qu’un scénario signé Van Hamme, notamment dans le rythme narratif et la vraisemblance de la trame. D’ailleurs, quelques similitudes sont à noter avec les séries phares de ce dernier : Micha est l’héritier surprise d’une fortune colossale (comme Largo Winch), changeant sans cesse de lieu, de noms et traqué par des puissants qui ne lésinent pas sur les moyens (comme XIII), interagissant avec la sphère politique d’une grande puissance et d’origine russe (comme Lady S). Au scénario, Sam Timel est le pseudo d’un journaliste américain qui écrit là sa première BD (un coup de maître, en lieu et place d’un coup d’essai). Le dessinateur Corentin est en revanche déjà répertorié de nos services pour avoir assuré la colorisation du Samaritain/Shimon de Samarie, sur les dessins de son père (Michel Rouge). Coaché par François Boucq (comme mentor, on fait difficilement mieux), il montre néanmoins, dès sa première BD en tant que dessinateur, une patte réaliste très prometteuse. En climax de cette mise en bouche de 54 planches, la longue et fracassante séquence de poursuite dans Los Angeles (12 planches !), impeccablement mise en scène, prend aux tripes comme un bon gros film d’action. On sort de là ébouriffé et conquis.