L'histoire :
Pendant l’occupation, une troupe de saltimbanques cherche à se produire dans divers bistrots. Parmi eux, le mime Pietrolino est accompagné par Simio, nain et fidèle compagnon de route, et par la sublime Colombella. Ils trouvent enfin un café où produire un spectacle vivant, qui intrigue les spectateurs. Après quelques applaudissements et une quête malingre, le mime passe aux choses sérieuses. Uniquement avec ses mains équipées de gants, Pietrolino mime un combat entre l’Allemagne nazie et une France un peu frêle. Les clients du bar regardent alors avec une plus grande intensité que précédemment ce duel intense à l’issu duquel Pietrolino fait, au final, gagner la France. Catastrophe : au moment où s’achève le spectacle, une troupe allemande est présente dans la salle. Simio et Pietrolino sont alors arrêtés, et ce dernier a les mains brisées à coup de talon par l’officier SS. Il comprend alors qu’il a été trahi par celle qu’il aimait, Collombella, rangée du côté des nazis. Infirme, Pietrolino est emmené avec Simio dans un camp de travaux forcés…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A l’origine, Pietrolino est un mimodrame créé par Alejandro Jodorowsky, il y a une dizaine d’années, pour le mime Marcel Marceau, ancien membre de son mouvement Panique. Après avoir été oublié, perdu, puis retrouvé dans les archives des Humanos, le script a emballé Olivier G. Boiscommun, séduit par la symbolique et la poétique qui se dégagent du propos. Les thèmes de ce premier volet sont assez éloignés de ce que nous propose habituellement le scénariste chilien, puisqu’on y découvre ses passions pour le spectacle vivant, la poésie et le mime, mais aussi un châssis politique inhabituel. Emouvante, l’histoire progresse rapidement : on passe vite de l’occupation à la libération. On retrouve néanmoins un archétype manichéen, avec entre autre une traîtresse qui se range (a priori) définitivement du côté des méchants. Le travail de Boiscommun est assez fidèle au style de ses précédents ouvrages : les traits des personnages sont travaillés, baignés d’un romantisme qui lui est propre, peut-être un peu trop simpliste sur les décors. Certains valent cependant le détour (p. 28-29, la fête au pied de la Tour Eiffel). Les couleurs sont une nouvelle fois vives, bien choisies, en accord avec l’ambiance. Touchant et élégant, ce Clown frappeur constitue un bel hommage aux artistes du silence, qui viennent de perdre leur ambassadeur le plus prestigieux, le mime Marceau, décédé le 22 septembre dernier…