L'histoire :
Au faîte de son pouvoir, l’empereur Darius a sciemment sacrifié son fils et sa fille, Dante et Jeanne, pour vaincre les barbares et apparaître seul héros. Il est maintenant devenu l’égal des anciens rois d’Aachen pour qui il a fait édifier une arche en signe d’hommage. Son grand règne ne fait, semble-t-il, que commencer et pour asseoir son autorité, le souverain souhaite acheter la paix pour son peuple et se remarier afin d’offrir un avenir à son Empire. Triomphant à la tête de ses troupes, défilant devant les foules rassemblées sur son passage pour l’acclamer, Darius semble en effet l’unique vainqueur et protecteur de la civilisation face à la menace extérieure. Nul ne saurait douter de ses paroles enflammées, de son hommage appuyé aux âmes de ses glorieux enfants tombés pour la patrie. Le symbole, c’est Taurus, le roi ennemi défait, offert en supplice aux yeux de tous et dont la fin prochaine, certaine, attestera de sa toute puissance ! Pourtant, en interne, au sein des généraux restant, la trahison demeure et le doute s’installe. Surtout que Taurus ne semble pas vouloir rendre une âme que Dante s’apprête à retrouver…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Depuis la première trilogie Star wars et l’Empire contre-attaque (mais sans doute avant), il existe une règle tacite qui veut que la charnière d’une trilogie, outre quelle soit la plus noire, soit aussi la plus réussie. Ainsi, après un tome d’exposition intéressant mais réservé sur certains aspects (froideur, grandiloquence ?), l’acte deux en confirme les promesses tout en infirmant les faiblesses. Poursuivant cette pièce qui emprunte tout autant à la littérature qu’à l’Histoire (ancienne, romaine, ou encore moyenâgeuse…), Gabriel Delmas et Robin Recht livrent un album surprenant de maîtrise narrative comme graphique. Les progrès sont flagrants et la majesté recherchée n’en est que mieux restituée, pour un plaisir de lecture décuplé. Le secret premier réside peut-être en un découpage parfait, auquel on ne saurait apporter de retouches, conférant rythme et solennité à une ambiance oppressante de toute beauté. On y trouve aussi beaucoup de réponses, du moins d’éclaircissements, quant aux personnages de Jeanne, de Dante, de l’empereur Darius, du barbare Taurus, du sorcier Eurynome ou encore du mystérieux « dragon » dont le souffle renaissant doit tout emporter… sans compter le titre de l’œuvre, Totendom, qui s’avère être le fleuve des enfers ! Il existe par ailleurs des exceptions à la règle précédemment énoncée (comme chaque fois) et l’une d’elles s’intitule en bande dessinée le Troisième Testament, le dernier tome de la série, longtemps attendu, étant de l’avis général le meilleur. A en juger par la magistrale participation d’Alex Alice aux couvertures, l’espoir est ici de mise…