parution 31 janvier 2025  éditeur Les Rêveurs  Public ado / adulte  Mots clés Roman graphique

Les Cahiers du corbeau

Des cahiers psychanalytiques à la verve rageuse et prolixe, aussi dangereuse qu'un scolopendre ou que des touches de piano empoisonnées. Lucas Nine s'offre une pause. Oserez-vous le suivre ?


Les Cahiers du corbeau, bd chez Les Rêveurs de Nine
  • Notre note Yellow Star Yellow Star Grey Star Grey Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

    TRÈS BON   Green Star Green Star Green Star Dark Star

    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

  • Scénario Yellow Star Yellow Star Grey Star Grey Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

    TRÈS BON   Green Star Green Star Green Star Dark Star

    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

  • dessin Yellow Star Yellow Star Grey Star Grey Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

    TRÈS BON   Green Star Green Star Green Star Dark Star

    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

©Les Rêveurs édition 2025

L'histoire :

Le corbeau, cet être voûté, hirsute et nonchalant, image de l’auteur romantique tombé dans l’oubli transformé en personnage de bande dessinée, esthète décadent vivant chichement dans une mansarde rue des Solitaires – remplie de trésors qui ne sont que des vieilleries sans autre intérêt que pour lui – arpente les rues, désabusé. Il traîne derrière lui un scolopendre géant plastifié, effrayant les vieilles dames, ou faisant naviguer son bateau pirate dont il est la capitaine dans les jardins du Luxembourg. Il soliloque sur les vestiges d’une société post industrielle dont il ne retrouve plus les richesses du passé. Pas tout à fait une autobiographie mais plutôt journal de bord d’un artiste en bout de course, ces Cahiers, chapitrés par date toute les une ou deux pages, débutent le 31 mars pour s’achever le 18 brumaire, équivalent au coup d'État du samedi 9 novembre 1799 ; puis le corbeau s’efface, totalement, « Hélas, hélas, hélas »...

Ce qu'on en pense sur la planète BD :

Au FIBD d’Angoulême 2025, un petit manifeste de 12 pages a circulé, produit par les éditions Flblb. Intitulé : Debout le roman photo !, il pose le challenge de remettre à la mode ce genre de littérature populaire. Est-ce que Lucas Nine est un de ceux dont le talent pourrait s'accommoder de cette folle idée pleine de charme ? Ou bien est-il déjà assez fou lui-même pour avoir précédemment introduit assez d'éléments iconographiques et référentiels de sa très grande culture dans les méandres de ses ouvrages déjà parus ? Dans ces Cahiers du corbeau, où l'auteur se met en scène telle une pauvre âme vagabonde, cherchant sa place parmi les décors de ses précédents ouvrages, la frontière entre dessin propre, utilisation de vieilles photos à peine retouchées et reproduction de tableaux contemporains est si fine que l'on peut se poser la question. La craie crayonne, la parole s'épanche, les références littéraires fusent, mais hélas hélas hélas, la photo n'est pas utilisée assez systématiquement pour que l'on puisse parler de roman photo BD. Pourtant on voudrait bien. Cela serait-il plus aisé dès lors, pour nous lecteurs, de décrire la complexité de l’œuvre s'offrant à nos yeux et notre psyché ? Pas certain. Après le diptyque Delicatessen et La peur émeraude, bijoux de narration graphique sur le Paris du XIXème, aux envolées romanesques bourrées de références magnifiquement amenées et exploitées, Lucas Nine s'offre une pause et nous embarque dans une sorte de promenade culturelle introspective à la fois dégingandée, audacieuse et psychédélique. Là, les narrations graphique et littéraire sont poussées à leurs extrêmes, dans un décor parisien de vieille carte postale. Mais cette fois-ci, à hauteur d'homme. Pari osé, mais excitant dans sa richesse d'expérimentation. Attention : d'aucun échapperont totalement à la poésie (et la compréhension) de cette balade, au sein de laquelle la Tour Eiffel sera le seul repère. Un livre à boire comme une absinthe, avec modération, et bien calé dans son fauteuil !

voir la fiche officielle ISBN 9782378941390