L'histoire :
A la poursuite d’un dangereux hors-la-loi nommé Brad Carpet, Lucky Luke et son cheval Jolly Jumper font halte à la frontière canadienne, le temps d’une participation à un rodéo. Le malfrat profite de l’occasion pour ligoter Lucky Luke et prendre la tangente. Une fois n’est pas coutume, notre héros rentre bredouille au Texas, au désespoir de Jolly Jumper, en proie à une profonde mélancolie. En effet, lors du rodéo, le cheval est tombé amoureux d’une jument baptisée Province. Sensible au spleen dans lequel s’égare son fidèle destrier, le cow-boy (presque) solitaire décide de se rendre au Québec où résident Mario Bombardier et son épouse, propriétaires de la belle Province. Parvenu dans la petite ville de Contrecoeur, il découvre que les traditionnelles bagarres de saloon se font ici à coup d’entartrage de « poutine », un plat traditionnel bien consistant. Mais il est surtout curieux de comprendre les motivations du puissant banquier Mac Habann, qui rachète progressivement, de grè ou de force, l’intégralité du village…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Morris, génial inventeur de l’homme qui tire plus vite que son ombre, souhaitait que les aventures de son héros continuent après sa mort. Décédé en juillet 2001, ce monstre sacré de la BD a abandonné ses fans après 72 Lucky Luke et 16 Rantanplan. Le cow-boy revit sous la plume d’un illustre novice en matière de scénario, le comique imitateur Laurent Gerra, et sous les pinceaux du talentueux Achdé. Ces aventures québécoises sont l’occasion pour ce duo d’auteur de croquer quelques canadiens connus (Robert Charlebois, Céline Dion et son René…) et en vrac quelques figures médiatiques françaises (Guy Lux, Bernard Henri Levy, José Bové). D’un point de vue graphique, le résultat est surprenant. Le trait d’Achdé colle à la perfection à celui de Morris sur ses dernières années. Les deux coups de crayons sont étonnamment semblables. De son côté, le scénario de Gerra permet à Lucky Luke de retrouver la verve qu’il avait perdu dans les derniers récits signés Morris. Comme à la grande période Goscinny, les jeux de mots pleuvent par dizaines. Peut-être même trop, car de gag en gag, Gerra en oublie le fil d’un scénario somme toute un tantinet décousu. Peut mieux faire.