L'histoire :
Tout commence à la fin des années 40, en Jamaïque, lorsque les premiers sound systems voient le jour, au propre comme au figuré. Puis, un peu plus tard, c'est le temps des Trente Glorieuses en Europe, l'envie d'oublier la guerre et de revivre à travers la musique. Alors il y a eu les yéyés et Salut Les Copains, d'accord... Mais surtout, c'est l'époque des premiers clubs à Paris, Londres et New-York. Inauguré en 1965, le club hyper select « Arthur » ouvre ses portes, puis connait un succès fulgurant, notamment en autorisant l'entrée à un public plus populaire. Et puis c'est aussi la naissance des DJ's, ces ambianceurs indispensables à la réussite de soirées : Terry Noel fut l'un des tout premiers, jeune premier d'une longue série portée au pinacle par un public toujours plus exigeant. A l'origine de la techno (ou de la musique électronique), ce sont les gays et la Jet Set qui vont populariser la disco dans les premiers clubs new-yorkais au nom français : le Shepheards ou l'Oursin. Les premières icônes sont des DJ's : Michael Capella, Francis Grasso ou encore Nicky Siano, véritables pionniers d'un genre... sans oublier ses salles devenues des mythes : The Loft (un vrai loft avec des fêtes privées réunissant plus de 200 personnes) ou encore le Palace, club parisien à la mode à la fin des années 70... A travers les lieux, les salles, les producteurs ou les DJ's, 50 ans d'histoire de la musique électronique à la croisée de la house, de la disco, du funk et de la techno. De New-York à Paris et de Détroit à Ibiza, de l'underground à la culture mainstream, des riches aux prolos : une pulsation universelle et un voyage hypnotique...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
192 pages, 50 ans d'histoire et des centaines d'anecdotes, interviews ou témoignages sur la musique électronique, de sa naissance dans les quartiers cossus de Manhattan à sa version mainstream dans les boîtes d'Ibiza. Genre méprisé car méconnu ou incompris, la musique électronique n'est, pour la plupart, pas moins qu'une musique de décérébrés sur laquelle s'excitent tous les week-ends des raveurs drogués au LSD, marginaux d'une société qui ne les comprend pas. Les clichés ont la vie dure... Partant de leur passion, mais aussi de la rareté des informations sur le genre, les auteurs nous convient à une plongée passionnante et érudite dans l'histoire épique de la musique électronique, afin d'en comprendre les racines à travers la mise en image de salles mythiques, les interviews de Dj's avant-gardistes, ainsi que par l'anecdote circonstanciée et légère. Faisant voler en éclats tous les clichés avec humour et intelligence, Blot et Cousin transmettent leur amour du chant de la machine en narrant les débuts de cette musique à la croisée des genres, joyeux syncrétisme entre house, disco, dance et même funk. Bien plus complexe et riche qu'on ne le laisse croire, la techno est, au début, une musique écoutée autant par les gays dans les quartiers aisés de Manhattan, que par les noirs dans les ghettos de Chicago... En apparence rebutant avec son graphisme à la Crumb et ses 200 pages bien tassées, le livre se transforme rapidement en une odyssée éclairante et passionnante sur l'origine de ce beat quasi instinctif. Hyper documenté mais toujours accessible et ludique, d'une précision historique remarquable en plus d'être fin, drôle et limpide, l'ouvrage séduira autant les fans de techno que les béotiens, les historiens que les amoureux de musique en général. Préfacé par le groupe Daft Punk, augmenté de playlists et d'un chapitre consacré à New Order (l'ouvrage fut d'abord édité en deux tomes chez Delcourt en 2000 et 2002), Le Chant de la machine est bien un livre référence sur le genre, tous médium confondus. Et comme le disait Roland Barthes himself, la discothèque est apparue « comme le surgissement d'un phénomène social »... Rien que ça ! Passionnant.