L'histoire :
Théo est en vacances sur l'île de Ré, avec sa femme et ses trois enfants – deux ados et une petite fille. Tout semble bien se passer avec les jeux dans le sable, les baignades et l'invitation chez des amis pour le dîner du soir. Mais l'esprit de l'homme de presque cinquante ans tourne en boucle sur les secrets de sa vie. Sarah, sa jeune maîtresse avec laquelle il vient de rompre sans apparemment lui donner beaucoup d'explications, a décidé de venir sur l'île en même temps que lui. Elle apparait sans prévenir et lui donne un rendez-vous secret sur la plage, puis dans la maison qu'elle a louée. Et puis il y a aussi Jean-Paul, un vieil homme dont sa mère lui a parlé juste avant de mourir d'un cancer, lui avouant qu'il était le vrai père de Théo. Jean-Paul a fait le déplacement lui aussi pour rencontrer Théo. Agnès est au courant de l'existence de ce père biologique qui reprend contact après une vie entière sans avoir existé. Elle tente d'aider Théo à prendre les bonnes décisions et l'incite à rencontrer Jean-Paul. Mais elle ignore qu'une partie des pensées de son mari est occupé par Sarah, et la difficulté qu'il a à renoncer à son aventure avec elle. Mais bientôt le hasard va prendre les choses en main...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pleine de sensibilité et très ancrée dans la réalité, cette chronique intime autour des tiraillements d'un homme de cinquante ans touche du doigt les enjeux très banals que de nombreux adultes rencontrent. Le confort et la responsabilité d'une vie familiale, l'aventure d'une rencontre extra conjugale face à la routine du quotidien. La touche supplémentaire pour Théo est ce père biologique surgi de nulle part, et le souvenir enfoui d'avoir vu un homme avec sa mère lorsqu'il était encore un petit garçon. Il n'y a aucune morale dans le scénario de Deloupy qui se contente de montrer un homme comme les autres aux prises avec des sentiments et des envies contradictoires. On devine que cette absence ignorée pendant toute sa vie a pu construire une personnalité incertaine, hésitante et secrète. Mais c'est au lecteur de faire ce chemin, les auteurs se contentent de l'effleurer. Deux sortes d'anges gardiens sont mis en scène pour refléter les tiraillements du père de famille, des silhouettes translucides qui l'accompagnent lorsqu'il est perdu dans ses pensées, avec une petite dose d'humour lorsqu'ils se prennent la tête. Cela atténue le sérieux de ce qui se passe dans la vie de Théo, sans pour autant retirer la sensibilité du propos. Le dessin très simple de Céline Théraulaz ne doit pas empêcher le lecteur de se plonger dans ce récit délicat qui se déroule sans accroc, certains des regards en particulier de Sarah sont pleins de justesse, comme ce défi lancé en page 53. Une histoire simple, donc, mais assez inextricable, avec une foule de décisions à prendre, concentrées sur quelques jours de vacances.
