L'histoire :
Paris, 27 novembre 1972, fin de journée. L’avocat Robert Badinter reçoit un appel du parquet. On lui annonce que son client Roger Bontems sera exécuté le lendemain à 4h30 à la maison d’arrêt de la Santé. La grâce a été refusée, la guillotine fonctionnera donc. Quand tout est perdu, l’avocat est un homme qui aide un autre homme à mourir. Il est le père, le frère du condamné, il est son ami… Il est tout. Alors qu’il se prépare pour se rendre à l’exécution, l’avocat se demande encore quel argument aurait permis de sauver la tête de cet homme. Devant le centre pénitentiaire de Paris, il y a un monde fou : ceux qui venaient voir la justice donner légalement la mort étaient comme à un spectacle populaire. A tous ces gens, il fallait une pièce solide : un crime horrible, de bons acteurs – le bourreau et ses aides – des rebondissements ou du suspense – la machine va-t-elle correctement fonctionner ? Cette exécution va finir de convaincre Robert Badinter de lutter contre cette peine inhumaine.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après Simone Veil, Beate et Serge Klarsfeld, Pascal Bresson rend hommage à un homme qui a marqué l'Histoire et celle de la justice : Robert Badinter (1928-2024). Cet avocat humaniste, ministre de la justice sous Mitterrand, est à l’origine de l’abolition de la peine de mort en France. Cette biographie est adaptée du livre de Dominique Missika et Maurice Szafran : Robert Badinter, l’homme juste (2021). Noémie, une étudiante en master de Droit interviewe Robert Badinter dans le cadre de son mémoire de fin d’études. L’avocat revient longuement sur sa vie d’enfant juif durant l’occupation et la déportation de ses proches dans des camps de concentration. Il se livre également sur son parcours de brillant avocat et sur l’affaire qui a marqué sa carrière : la défense de Bontems. En 1971, Buffet et Bontems, deux prisonniers condamnés à de lourdes peines, vont tenter de s’évader de la centrale de Clairvaux en prenant deux personnels de la prison en otage. Buffet les égorgera. Bien qu’il soit démontré que seul Buffet est responsable des deux meurtres, Bontems considéré comme complice, sera également exécuté. Ce livre restitue avec intelligence et sensibilité l’humanisme de Robert Badinter, qui fera de l’abolition de la peine de mort le combat d’une vie. Cet échange avec une étudiante permet de mettre en exergue toute la hauteur de vue de ce personnage, sa réflexion sur le rôle de l’avocat et sa filiation intellectuelle avec Victor Hugo. C’est un récit inspirant que Pascal Bresson a su adapter avec brio. Le dessin réaliste de Christopher est en parfaite harmonie avec l’émotion que suscite cette histoire. Le dessinateur a fait le choix de la monochromie avec, pour principes, des codes couleurs en fonction de la temporalité des faits évoqués.