L'histoire :
Dans la profonde jungle palombienne, le Marsupilami attend au fond d'une grotte le rayon de soleil qui fait éclore les pistils d'une orchidée rarissime. Puis il la cueille pour la rapporter à sa dulcinée, qui couve ses oeufs dans son nid. Au même moment, dans une grande ville à 9002 km de là, le journaliste Dan Geraldo est sommé par sa rédactrice en chef de retourner en Palombie, le pays qui lui a jadis permis de lancer sa carrière. Il doit en revenir avec un reportage exclusif sur les « payas », afin de redonner un peu d'audimat à son émission, la moins rentable de la chaine. En effet, les payas sont une tribu d'indigènes dont l'espérance de vie défie les lois de la nature : la rumeur dit qu'ils vivraient jusque 300 ou 400 ans ! Dan Geraldo doit être accueilli à la capitale Chiquito par un guide local, Pablito Camaroñ, un faux vétérinaire – mais un véritable escroc ! Or, dès son atterrissage à l'aéroport, Dan bénéficie d'un comité d'accueil personnalisé et musclé : le général Pochero, dictateur local, tient à s'assurer de la banalité de sa mission. Tandis que le journaliste est menotté et amené au palais, Pochero reçoit la visite d'un vieux botaniste, le professeur Hermoso, qui a fait de la Palombie le terrain d'étude de toute une vie. Hermoso vient en effet lui faire part de sa dernière découverte : une espèce inconnue d'orchidée qui dégage un taux d'iridium faramineux !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Originellement créé par André Franquin en tant que personnage secondaire de Spirou et Fantasio, le Marsupilami a très tôt montré un gros potentiel pour vivre des aventures autonomes. Après avoir longtemps accompagné le groom sous l'ère Franquin, les aléas des droits d'auteurs l'ont amené à prospérer à travers sa propre série. En 2012, celle-ci compte déjà 25 tomes... et se trouve sympathiquement adapté en film par l'un des réalisateurs les plus compétents pour cet exercice difficile : Alain Chabat (Astérix et Obélix mission Cléopâtre). Ce 25ème opus se classe donc à part dans la série : il s'agit de la BD du film sur la BD ! La boucle est bouclée... et néanmoins, l'histoire reste tout de même globalement fidèle au ton donné par le génial géniteur de la bébête jaune tachetée à longue queue. A un ou deux détails près (notamment la séquence « canido-génito-oriculaire »), le scénario de la BD respecte vraiment celui du film. De fait, la grande quantité de rebondissements et de gags ont obligé les scénaristes à étaler leur adaptation sur 62 planches, au lieu des traditionnelles 46. Evidemment, le phrasé et l'humour typiquement debouziens ont plus d'impact sur grand écran, dans la bouche du trublion, que dans les phylactères de papier... Evidemment, les prouesses chorégraphiques de Lambert Wilson (allez voir le film pour comprendre) ainsi que celles des payas tournent court une fois traduites en art séquentiel. En contrepartie, le Marsu lui-même (dans son propre rôle...) reste logiquement plus « authentique » que dans le film et son environnement luxuriant fait moins carton-pâte en BD. Au dessin, Luc Batem, prouve une nouvelle fois sa belle maîtrise de cette veine graphique dynamique particulière. Dans leur style, ses caricatures sont plutôt réussies, selon une voie intermédiaire entre les traits réels des acteurs du film et les tronches traditionnellement croisées dans la série. Une adaptation réussie d'adaptation réussie...