L'histoire :
André Raffini, retraité de 83 ans et artiste peintre, vient de quitter sa maison de retraite après y avoir passé 4 années. Il a décidé sur un coup de tête, de s’installer avec son ami Théo, d’une vingtaine d’années plus jeune, dans une villa normande donnant sur la mer. Et ce soir là, tandis que Théo lui prépare une camomille, il regarde paisiblement le soleil se coucher en repensant à sa vie, à la rare famille qu’il lui reste et qu’il ne voit jamais – un petit-neveu policier à Paris, deux arrières petites cousines, à Saint-Nazaire et à Pise. Quelques semaines plus tard, le commissaire Louis Raffini revient de Fougères vers Paris, en compagnie de son adjoint Mevel. Il propose alors à Mevel de faire un petit détour par la maison de retraite de son vieux grand-oncle. Il ne le voit quasiment jamais, l’occasion fait le larron. Or une fois à l’accueil de la résidence de l’oncle André, on lui apprend que ce dernier a quitté l’établissement pour s’installer avec un autre petit vieux, inconnu, prénommé « Monsieur Théo ». Bizarre. Le commissaire Raffini note la nouvelle adresse à Saint-Sauveur et propose à Mevel de poursuivre leur détour. Or en arrivant à la villa, celle-ci arbore un écriteau « À louer »… La demeure est concrètement inoccupée. De plus en plus bizarre. Raffini poursuit son enquête vers l’agence indiquée sur le panneau. Il en ressort avec le nom complet du nouvel ami de son grand-oncle : Théo de Reesburg. Il fait le point en déjeunant avec Mevel dans un troquet, lorsqu’il a la surprise de reconnaître en vitrine d’un antiquaire le style pictural de son oncle sur une toile en vente. Raffini entre dans la boutique… et il n’est pas au bout de ses (funestes) surprises…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Souvent, des bandes dessinées sont adaptées de romans à succès. Rarement l’inverse… C’est pourtant à cet exercice de rétropédalage que s’est livré le scénariste réputé Rodolphe, en écrivant trois romans de son Commissaire Raffini. Pour ouvrir le bal, ces Petits meurtres aujourd’hui réédités sous une nouvelle mise en page et couverture par les éditions Mauvaise Graine (le roman est originellement paru en 2001, soit 2 ans après l’album BD), correspondent au tome 7 de la série BD. Il n’y a aucune surprise, ce pur polar se démarque par son grand classicisme, mais aussi par son écriture soignée, la cohérence de son enquête, sa narration exemplaire, son héros attachant, sa faculté à nous immerger par des centaines de petits détails délicatement surannés dans la société française de la fin des années 50 (l’évocation du film La traversée de Paris à l’affiche, nous situe l’intrigue vers 1956). Rodolphe est une valeur sûre, en roman y compris. Le personnage de Raffini s’avère un enquêteur zélé et expérimenté. Il amène son lecteur sur les traces d’un coupable, d’un mobile et d’une méthode évidents, dès les premières pages. En cela, ce polar se rapproche plus d’un serrage méthodique d’étaux façon L’inspecteur Columbo, par exemple, que d’un whodunit façon Agathe Christie. En 47 chapitres et 240 pages, on découvre ainsi un premier meurtre, on décortique la personnalité complexe d’un serial-killer qui s’ignore, on se pique de la longue enquête méthodique des policiers emmenés par Raffini, on vibre lors de la traque et de l’arrestation et on suit même le procès final. En somme, un polar complet, cohérent, prenant, extrêmement agréable à lire, pour un large public.