L'histoire :
Bâton de feu : Un canoë à la dérive sur une rivière vient s’échouer à l’endroit où une tribu d’indiens Chipewayan a monté son campement. A l’intérieur, est étendu un blanc, blessé et affamé. Un guerrier, Osha, le soigne et le remet sur pieds en quelques semaines. Pour le remercier, l’homme lui offre un « bâton de feu » qui permet de chasser le gibier à grande distance (un fusil)…
L’homme médecine : Le grand guerrier cheyenne Woquini (nez aquilin) était aussi appelé « l’homme médecine » en raison de ses grands pouvoirs. Il doit sa réputation à une attaque qu’il mena seul contre une troupe de tuniques bleues, qui le mitraillèrent littéralement. Il revint néanmoins indemne et déversa toutes les balles tirées par les soldats d’un de ses mocassins…
Chaman : Dans le sud du Dakota, le chaman réputé Catawakee a rendez-vous avec Faucon d’argent, commissaire aux affaires indiennes. Celui-ci réclame son obéissance au président blanc… mais en homme libre, le chaman refuse de se soumettre. Vil traitre, Faucon d’argent le fait aussitôt arrêter par des cow-boys embusqués. Catawakee sera jugé et pendu. Mais un chaman peut-il vraiment mourir ?
Or maudit : Un cow-boy se traîne dans le désert mexicain, assoiffé, au bout du rouleau. Il recherche d’or des Hopis et il a déjà tué son compère pour cela. Il est recueilli par un vieux chaman qui lui fait ingurgiter une puissante drogue…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avant d’affoler la phalocratosphère et devenir célèbre avec sa futuriste Druuna au fessier rebondi, Paolo Serpieri avait beaucoup donné de son talent réaliste au western. Ses histoires indiennes avaient déjà bénéficié d’un premier recueil chez Mosquito en septembre 2012 (Lakota)… L’éditeur alpin récidive aujourd’hui avec un second volume comprenant quatre histoires courtes nimbées d’ésotérisme. Vu la brièveté des récits, il n’est guère possible de s’immerger dans des intriques très complexes, ni de s’identifier à un héros précis… Néanmoins, se détache une véritable ambiance onirique autour de la thématique du Chaman, des puissances occultes, de l’indicible si cher à la culture amérindienne. Tantôt le destin d’un fusil semble obéir à une justice supérieure (Le bâton feu) ; tantôt un guerrier sorcier se livre à un impressionnant tour de magie en recrachant les balles reçues (L’homme médecine) ; tantôt le fantôme d’un chaman se venge de ses bourreaux (Chaman, la seule historiette en couleurs) ; tantôt un cow-boy, sous l’emprise de substances hallucinogènes, perd tous ses repères cartésiens. Ce qui impressionne au-delà de l’originalité des histoires, c’est le noir et blanc des plus somptueux de Serpieri. Dès la fin des années 70, son trait réaliste impressionne de virtuosité, aussi bien pour détailler, tel un ethnologue, avec un maximum d’authenticité, les parures complexes des indiens, leurs coutumes, leurs « postures sociales », que les vaste paysages de l’Ouest sauvage. Se dégage une force quasi documentaire de ces planches, réunies au sein d’une édition soignée, à la mesure du talent de l’artiste…