L'histoire :
L’américain Hiram B.Otis a brillamment mené sa carrière industrielle et politique. A 56 ans, il est l’un des hommes les plus riches d’Angleterre et même ministre ! Il s’achète donc une vieille et belle demeure, afin de pouvoir prétendre à un titre de noblesse, le manoir de Canterville. Au moment de la signature, le notaire le prévient toutefois d’un détail extrêmement grave : le manoir est hanté. Cette information fait bien rire Otis. Si les spectres existaient, il y aurait bien longtemps qu’ils tourneraient dans des cirques ! Otis signe le contrat de vente sans la moindre hésitation. Quelques semaines plus tard, il se rend en famille et en voiture pour prendre possession de son bien, à une cinquantaine de kilomètres de Londres. Sa femme et ses enfants (turbulents) découvrent les vieilles tours du manoir, lugubre, sous une pluie battante. Ils sont accueillis par Miss Humney, la femme de charge, parfaitement austère. Elle leur fait la visite intégrale du manoir, en commençant par le grand salon. Sur le plancher, elle montre une tâche de sang, qui remonte à l’assassinat de lady Eleonore de Canterville par son mari Simon, en l’an 1584. C’est d’ailleurs l’esprit de Simon qui hante encore le manoir. Cela n’émoustille pas Otis le moins du monde, qui sort de son pardessus un produit détergent qu’il fabrique et qui détache tout du sol au plafond…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’écrivain britannique Oscar Wilde est surtout connu pour son roman fantastique Le portrait de Dorian Gray (1891). Mais en plus de poésie et de pièces de théâtre, il a aussi écrit d’autres nouvelles fantastiques, telles que Le Fantôme de Canterville et Le crime de Lord Arthur Savile, toutes deux appartenant au recueil The court and society review et ici toutes deux adaptées dans cet album publié par Mosquito. Dans le premier récit, une famille américaine cartésienne et ayant le sens de l’humour se moque placidement d’un réel fantôme, qui n’arrive donc pas à les effrayer et y perd sa raison « d’être ». Dans le second récit, un homme refuse de se marier tant qu’il n’aura pas éradiqué (ou accompli) la malédiction qui pèse sur lui : un chiromancien a prédit qu’il commettrait un crime. Les deux histoires empruntent donc un axe morbide, mais paradoxalement, elles se révèlent plutôt joyeuses… dans le ton. Cela n’a rien étonnant venant du scénariste adaptateur Rodolphe, grand amateur du registre fantastique, mais aussi de tempérament toujours positif devant l’Eternel. Les adaptations sont équilibrées et usent ce qu’il faut d’ellipses (les passages désuets) pour s’inscrire dans une narration moderne. Le dessin de Philippe Marcelé prend quant à lui la tonalité inverse, via un noir et blanc charbonneux et lugubre à souhait, parfois à la frontière du pointillisme ou de l’éponge tamponnée et retaillée au couteau, par petites touches. C'est « stylé », même si parfois un peu imprécis...