L'histoire :
Raoul Desquintel est ligoté et bâillonné sur une chaise, en son manoir de la campagne normande. Un homme masqué le nourrit, en attendant de l’emmener faire une balade sur les falaises de la pointe du hoc. Cet homme a rendez-vous avec une jeune femme, Juliette, une ancienne salariée de Desquintel, qui réclame vengeance. Flingue à la main, elle lui propose clairement de révéler où il a planqué son magot, contre la vie sauve. Déboussolé, Desquintel commence par nier avoir un magot… puis sous la pression des coups de poings de l’homme masqué, il révèle son emplacement : dans un coffre enterré au fond de son parc. A peine cela avoué, Juliette passe à l’action. Elle pousse l’homme masqué dans le vide, puis tire une balle dans le crâne de Desquintel, qui tombe à son tour. Il ne lui reste plus qu’à mettre en scène les deux cadavres en contrebas, pour faire croire à un chantage qui aurait mal tourné. Deux ans plus tard, l’affaire a ainsi été classée. Un certain Fabien Carcassou se présente alors dans une agence immobilière de Caen. Il veut acheter un grand appartement pour y installer son cabinet de dentiste. L’agent immobilier, une certaine Juliette Zebline le reçoit, quelque peu malaisée… Il ressemble à deux gouttes d’eau à son frère Mathieu, celui-là même qu’elle a tué deux ans plus tôt au bord d’une falaise…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Vous aimez les polars retors à souhait ? Installez-vous confortablement dans votre fauteuil de détective, lancez votre Borsalino sur le porte-manteau, mettez les pieds sur le bureau, servez-vous un cognac, allumez votre pipe et délectez-vous de Nuit noire sur Caen. Tortueuse, l’affaire n’en reste pas moins d’un classicisme assez relatif concernant le déroulé. C’est un archétype de la vengeance, qui réclame vengeance, mettant en scène que des salauds. Une seule personne, candide et innocente, en sortira indemne. Comme l’indique le titre, le scénariste Jean-Blaise Djian prend pour cadre la ville de Caen et il ne se prive pas d’une dimension tourist-tour dans les circonvolutions de l’affaire. Caen intra-muros, mais aussi sa campagne et ses falaises littorales environnantes. Vous pouvez jeter le dépliant officiel, cette BD fait office. La scène d’ouverture nous plonge dans le vif d’un double crime et ferre diablement son lecteur au suspens. Ce dernier se déroule alors implacablement, de manière très limpide… et cet avantage est aussi le petit bémol du scénario : le procédé narratif des voix off et des narratifs explicites est un gros sabot, un peu facile. Au dessin, Davide Garota étonne par la diversité de ses techniques, mélangées parfois au sein d’une même case. Selon une griffe semi-réaliste très souple – les faciès sont parfois caricaturaux, mais les décors réalistes – le dessinateur semble passer des crayons de couleur à la peinture, avec parfois des contours encrés (les personnages) et des arrière-plans comme issus de photos redessinées. Dans tous les cas, on se pique d’intérêt pour cette affaire, qui s’appuie sur des rebondissements non téléphonés et une fin imprévisible.