L'histoire :
Au début des années 1960, un gamin donne un coup de téléphone au vieux Stan Laurel, simplement parce qu'il se trouve dans l'annuaire. Tout aussi simplement, Laurel répond à ce Seth qui lui pose des questions sur sa carrière, sa vie. Stanley Laurel parle beaucoup, au cours de plusieurs sessions téléphoniques. Sans révéler son vrai nom caché derrière Laurel, il raconte ses débuts, en tant que scénariste puis réalisateur. Il accepte de jouer, pour l'argent, bien sûr. Oliver Hardy (Ollie), de son côté, a été projectionniste, chanteur et il a vite perçu qu'il pouvait faire mieux que ceux qu'il voyait à l'écran. On l'appelle toujours – et Stan le premier – « Babe », sans doute pour son air grassouillet qui le fait ressembler à un bébé. Il fallait un détonateur pour fonder ce duo devenu célèbre. Ils ont d'abord joué ensemble, au hasard des films. Le producteur Hal Roach se fait conseiller d'engager les deux acteurs en duo, avant que d'autres ne le fassent. Leurs personnalités et leurs physiques, si dissemblables, peuvent s'utiliser dans toutes les situations. Aucun ne se reposera, ou « prendra le dessus », sur l'autre. Stan raconte l'ascension, mais aussi les difficultés (divorces, alcool, problèmes avec les producteurs, cinéma qui évolue après-guerre...) et des désillusions graves. Ils se convertissent du muet au parlant en s'adaptant, contrairement à certains qui ont disparu. Ils passent ensuite à la moulinette des producteurs, à l'époque des grands studios qui standardisent les produits. Après-guerre et dans les années 1950, ils feront des tournées internationales en Europe, ovationnés par la foule…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
« C'est moi Laurel, c'est toi Hardy... » disait la chanson en français, en ouvrant les courts métrages du duo. C'est bien loin, mais ce duo est passé à la postérité aux USA et en Europe. Sans avoir vu leurs films, désuets, les gens savent de qui on parle : des silhouettes aussi caractéristiques que Charlot ! Dans ce roman graphique, le fil conducteur de Stan parlant au téléphone au garçon, à la première personne, est une anecdote authentique, selon l’auteur italien Gianluca Buttolo. Etant donné que leurs films sont en noir et blanc, le dessin restera lui aussi en noir et blanc, contrasté, le style entre la photo épuré et le schéma, délaissant les sujets secondaires et le décor. En restant réaliste, Buttolo met en scène des personnages comme au théâtre ou au cabaret, avec une forte lumière devant les acteurs. Ils deviennent des images emblématiques. Et comme le propos est intimiste, sobre malgré les longues discussions entre les deux ou avec les producteurs, le trait est pur (ligne claire) et contrasté. L'auteur s'est beaucoup documenté, comme le confirme la longue bibliographie de livres italiens et américains en exergue. On apprend beaucoup grâce à ce livre, sur la personnalité de chacun, y compris à travers un graphisme très juste, « parlant » même sans texte. Ce dernier est très bien écrit, touchant, au plus près de l'humain, tant dans les récitatifs que dans les dialogues. On peut vraiment être ému par cette BD. Viva Stanllio e Ollio !