L'histoire :
Dans l’Italie du XVe siècle, un certain Léonardo Da Vinci fait faire le tour de son atelier à un archevêque envoyé par le Vatican. L’ecclésiastique s’offusque ouvertement de nombreuses découvertes de l’inventeur, tels que la technique économique des crucifixions en masse, ou encore le procédé de la photographie qui permet par exemple de reproduire l’image du Christ sur un linceul… Mais à travers ces innombrables schémas, ces croquis avant-gardistes et surtout un prototype de machine volante, l’archevêque se convainc que le génie de ce dernier pourrait servir la cause de l’Eglise. Trois semaines plus tard, Léonardo est vivement convié au Vatican, avec ses plans et ses machines. Dérangée par la présence des musulmans en Europe, craignant qu’un nouveau schisme ne vienne faire désordre dans la chrétienté, Rome souhaite en effet rehausser son prestige en se lançant dans une nouvelle croisade. Et l’Eglise compte bien faire épauler ses troupes par le génie militaire de Léonardo…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A priori, quand on dit « Léonard de Vinci », on pense à l’artiste, à la Joconde, au croquis de « l’homme de Vitruve », au génie technique, ou – actualité amalgamée du Da Vinci Code oblige – aux aspects ésotériques de son œuvre. Rarement on évoque l’intérêt du bonhomme pour l’anatomie, qui l’amena à disséquer des cadavres dans la plus stricte discrétion pour se prémunir de l’inquisition, ou ses nombreuses recherches militaires qui occupèrent pourtant de larges pans de son emploi du temps. Le scénario d’Erik Svane, ancien journaliste spécialisé BD, rend un hommage audacieux à cette facette méconnue du grand public. Tout commence par un dialogue bluffant et franchement drôle, présentant le personnage comme un génie fantasque sans tabou (les tests de crucifixion et la multiplication des linceuls). Puis, sur ce même ton original et décalé, Svane imagine ce qu’aurait pu donner la folle créativité de Leonardo, soutenu par les moyens humains et financiers de l’Eglise, sous couvert d’une nouvelle croisade. Si le récit s’appuie sur des éléments avérés, tels que les inventions belliqueuses du bonhomme, les schismes de l’Eglise, ou la fameuse écriture en miroir (à l’envers) dont Léonardo s’était fait spécialiste, il est donc loin d’être rigoureusement historique ! Ce nouvel angle de fiction, assurément fantaisiste et frais, est conjugué avec humour (notamment le disciple tout cabossé et couvert de pansements, clin d’œil à la série Léonard de Turk et de Groot). Le dessin appliqué et réaliste de Dan Greenberg connait bien quelques légers soucis de perspectives, notamment dans les plans larges, il suffit néanmoins à transmettre la bonne humeur maligne et divertissante de ce premier volume.