L'histoire :
En juin 1972, une forte tempête s’abat sur les berges de la Galice (Espagne). Dans le petit village de Labañou, c’est la panique chez les animaux. Vaches et cochons s’échappent de leurs enclos et courent à travers les pâturages et les ruelles. La matrone Camila craint le pire pour son cher Porcinet, lorsque soudain, un individu parvient à lui bloquer le passage et à le maîtriser. Cet étrange et providentiel barbu est un vagabond amnésique, qui dit se prénommer Belarmino. Il est rondouillard, jovial et connait plein de chansons entrainantes qu’il accompagne avec son ukulélé. En sauvant le cochon de Camila, il s’attire la sympathie de tout le village qui lui offre un gîte, pour le temps qu’il faudra, et plein de victuailles. Ce jour-là est aussi le premier jour des grandes vacances. Divers petits-enfants débarquent de la ville pour la saison estivale, chez leurs grands-parents. Les enfants trouvent ce vagabond moyennement sympa, étant donné qu’il squatte leur « refuge secret », c’est-à-dire un ancien bloc-transfo électrique au milieu d’un champ. Un soir, alors que Belarmino fait chanter et danser le village, ils décident d’en profiter pour inspecter les lieux. En fouillant à la lampe torche, ils trouvent un objet lourd de sens derrière une vieille brique…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ça commence comme une douce chronique sociale ouverte sur l’enfance / l’adolescence, sur une côte Atlantique estivale. Nous sommes en Galice en 1972, et une petite communauté rurale accueille un vagabond jovial et bienfaisant, une sorte de ménestrel itinérant, mais surtout amnésique. Or depuis la saga XIII en BD, on se doute bien qu’un personnage amnésique est idéal pour susciter les craintes d’un passé délicat. Bingo : le vieux Belarmino n’est pas qu’un sympathique joueur de ukulélé. Certains villageois le suspectent d’être un bandit, lorsque d’autres le chouchoutent et protègent… Car son passé prend effectivement racine au lendemain de la seconde guerre mondiale, dans la lutte armée qui opposait les maquisards « rouges » aux forces régulières du général Franco. Un bon vieux conflit politique manichéen divise alors les méchants fachos des gentils communistes, autour de ce personnage attachant, dont vous apprendrez tout. Auteur complet, l’espagnol Alberto Taracido livre ainsi un scénario plutôt feel-good, comportant pas mal d’action, des poursuites, des fusillades, mais aucun blessé. Il compense ce canevas convenu par un dessin semi-réaliste crayonné, avec des personnages aux « tronches » très expressives, toujours justes dans les postures et les mouvements. Jamais avare de jolis décors, immersif dans cette époque et cet environnement de côte estivale, celui-ci se complète d’une remarquable colorisation.
