L'histoire :
A une ère anté-mythologique, neuf peuples se partagent un vaste territoire réparti tout au long d’un long fleuve. En cette époque charnière, mû par une infinie tristesse, le très haut prêtre Dahouti du peuple Aana (humains) a renié ses pouvoirs et s’est arraché le cœur de ses propres mains. De cet acte insensé a jailli un cristal d’une grande pureté, qui attire désormais de nombreux pèlerins, de tous peuples. Au contact du cristal, ces derniers trouvent soins ou apaisements… et le cristal les débarrasse en contrepartie de tous leurs pouvoirs. Dahouti est dès lors devenu une entité mi-vivante mi-morte, recluse en méditation, dénuée de tout sentiment. Mais cet acte insensé fait également vaciller l’équilibre de la magie en général, et notamment auprès de tous les autres hauts-prêtres Aana. Depuis son palais, en la capitale Nekhen, Hedjour missionne donc un de ses adjoints, le nain Aha, pour tenter de résoudre le problème. Doté d’un pouvoir d’invincibilité, Aha doit faire alliance avec les pires ennemis des Aana, afin qu’ensemble, ils suppriment purement et simplement Dahouti. Après de difficiles conciliabules, les Ded-Wen (lions) acceptent d’envoyer leur meilleur guerrier, Mahes. Puis Aha et Mahes s’adjoignent également les talents de Sahapet, un moine-guerrier des Deb (hippopotames) et de Khentkhet, un tueur meser (crocodiles). Le petit groupe hétéroclite formé, ils font alors route vers Dahouti et le cristal, en tentant tant bien que mal de faire cohabiter leurs antagonismes naturels…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A l’origine de ce diptyque qu’on peut classifier en heroïc-fantasy, l’auteur complet Emmanuel Despujol a imaginé une aventure imprégnée de la mythologie égyptienne AVANT la domination et les croyances humaines. En cette ère anté-diluvienne, neuf peuples prospèrent malgré leurs antagonismes autour d’un long fleuve. Celui-ci n’est nommé « Iterou » que sur la carte en page de garde et ses méandres suivent évidemment ceux du Nil (à l’envers). A l’exception des Aama humains, chacun des huit autres peuples a la physionomie d’une espèce animale (lions, antilopes, crocodiles, hippopotames…) qui sera assimilée (plus tard) dans la mythologie égyptienne à un règne divin. Un trait semi-réaliste, des décors aboutis, des personnages expressifs : le dessin, certes académique, mais soigné dans toutes ses composantes, est un atout indéniable. Ces bonnes bases posées, l’aventure s’affranchit ensuite de la culture égyptienne pour s’imprégner à la fois de quête initiatique et d'enjeux diplomatiques. L’objectif du groupe composite de guerriers qui se constitue est de tuer un « sage » qui fait vaciller l’équilibre magique. A priori, cela emprunte à moult ressorts classique de l’heroïc-fantasy… et pourtant Despujol fait avancer l’intrigue en dehors des sentiers battus, jusqu’à la conclusion inattendue et… bancale. Il manque sans doute quelques explications (les mains de Aha en bas de P.37 !), voire de nombreux prolongements. Ambitieux, Despujol voulait construire une vaste saga en 10 tomes (un tome par peuple). L’univers établi en a le potentiel. Espérons que le marché BD francophone actuellement compliqué donne l’occasion à son éditeur de prolonger le diptyque…