L'histoire :
Quelques années avant la génération, par le prêtre Dahouti, du cristal absorbeur de pouvoir, puis la bataille qui laissa le nain Aha pour mort, un tragique évènement se déroule à Taenten, capitale des Hout. Cela commence de nuit. L’un des princes de la cité, le lieutenant Anti, s’aperçoit qu’un espion a infiltrée ses murs en se faisant passer pour une vieille femme. Il ignore encore que l’espion est en réalité un fringant Imenty prénommé Ash, qui est venu retrouver sa maîtresse, la princesse adultère Nebet-Hetepet. Mais avant que ces deux-là ne s’embarquent dans leurs ébats, ils ont vent que la garde est alertée par un intrus. Ash s’enfuit aussitôt par le balcon, tandis que le prince Anti fait du zèle en arrivant par les toits. Dans son intervention, Anti fait une bourde magistrale : croyant frapper l’intrus avec sa hache, il décapite net la princesse ! Cet accident criminel est traduit comme un régicide. Le prince Anti est jugé par son propre père Merour, inflexible quant à la peine, malgré les suppliques sa mère Hesat. Ce sera le dépeçage à vif. Mais revenons à notre époque du cristal et à Dahouti, qui réunissent autour d’eux une communauté de convertis venus indifféremment des neuf races. L’attraction de ce qu’on appelle désormais « le dixième peuple » inquiète fortement les chefs des autres peuples, dont les Hout. Hesat et Merour, les parents de feu Anti siègent toujours au haut-conseil et afin d’éviter une guerre, ils trouvent judicieux de consulter leur allié chez les imenty, le puissant juge-premier Inépou…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après avoir animé en diptyque un premier cycle convaincant du Dixième peuple, qui peut se lire de manière autonome, l’auteur complet Emmanuel Despujol en avait encore énormément « sous le pied » pour décliner son univers riche et complexe. Rappelons que le contexte d’antique-fantasy mis au point par l’auteur est directement issu des origines fictives de la mythologie égyptienne, qui personnalisait les dieux en animaux. Pour tout comprendre sur cette préquelle mythologique, Despujol propose d’ailleurs une explication complète en fin de ce tome 3. Mais revenons justement à ce tome 3, qui ouvre un nouvel épisode autonome permettant d’étoffer l’univers. L’histoire se présente sous forme de cross-over, mettant en scène une tragédie shakespearienne initiale : la décapitation accidentelle d’une princesse. S’ensuivent des intrigues diplomatiques un peu complexes, en raison d’un grand nombre de nouveaux intervenants et d’une situation « politique » et théologique délicate. Le lecteur doit accueillir la concentration réclamée comme une plus-value, tant l’effort créateur est beau, riche et prometteur. Et pour ne rien gâcher, la partition artistique est au diapason : les décors suscitent l’émerveillement et le chara-design zoomorphique demeure très agréable et inédit. Soulignons enfin la démarche personnelle de l’auteur, peu encouragé par un éditeur chétif. Afin que ce tome 3 voie le jour, Despujol a monté entièrement seul un financement participatif, avec succès ! Il réitère d’ailleurs la méthode pour le tome 4 à venir, Mahes, encore une histoire indépendante qui s’inscrira dans la chronologie des 3 premiers. N’hésitez pas à l’aider (par ici), car son œuvre est originale, aboutie et vaste.