L'histoire :
Hiver 43, sur le front Est enneigé, l’Oberleutnant Wulf, s’apprête à accueillir « les Bleus ». Conforme à la température ambiante, son discours est des plus glacial : que ces jeunes blancs becs ne se fassent pas trop d’illusions, leurs jours sont désormais comptés. Depuis plusieurs mois, les combats font effectivement rage en raison du harcèlement permanent des « Sorcières de la Nuit ». Cette unité spéciale est composée de pilotes féminins soviétiques. Bien qu’elles soient sous équipées (pas même de parachute) et condamnées à l’avance, elles se sacrifient en défendant chèrement leur peau dans des combats nocturnes destructeurs. Lilya est l’une d’elle. En attendant que son heure sonne, elle noie son pessimisme dans les bouteilles de vodka. Si seulement avant d’en finir, elle pouvait tuer le dernier de ces salauds nazis… elle serait enfin heureuse. L’occasion pourrait bientôt lui en être donné puisqu‘elle apprend de la bouche de son officier supérieur qu’elle intègre un régiment de chasseurs masculins… Côté allemand, Wulf doute et ce n’est certainement pas le sourire enjôleur de Verena qui risque d’y changer quoique ce soit. Notre homme est loin d’être convaincu par les desseins du führer : il est profondément antinazie et a du reste refusé que l’on peigne une croix gammée sur son avion. Cette attitude est loin de plaire à tous. Seule la protection du Kommodore Von Rein-Schneider, surnommé le « Prince de la Nuit » en raison de son glorieux tableau de chasse, lui permet de pouvoir encore voler. Cette affection particulière ne se dément d’ailleurs pas, puisque ce militaire chevronné confie à Wulf le dernier bijou de la Luftwaffe : le Heinkel 219, plus communément nommé « Le Grand Duc ».
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Bercé par le murmure des hélices et le doux ronron du moteur des avions de son militaire de Papa, Romain Hugault a, dés son plus jeune âge, été contaminé par le virus aéronautique. Le baccalauréat en poche, il hésite d’ailleurs entre le dessin et le pilotage professionnel. Mais s’il choisit le critérium plutôt que le manche à balai d’un gros zinc, il continue d’avoir l'aviation dans le sang. Il nous en fait une nouvelle fois la preuve, en signant un ouvrage dont le véritable héros est un appareil mythique de la seconde guerre mondiale. Pour cet auteur, la naissance d’une série est avant tout liée à l’envie de dessiner l’un de ces monstres volants. Dans cet ouvrage, le dessin de Romain Hugault transpire d’amour. Notre homme ne laisse rien au hasard, qu’il s’agisse des détails de ses avions, des recherches de colorisation (ouah ce bleu mes amis !), des scènes aériennes de combat, on imagine les grosses perles de sueurs lui couler sur le front. Un énorme travail, en plus de la virtuosité et du talent. Le scénario de Yann sert à merveille les ambitions de son dessinateur en livrant un récit qui permet toutes les prouesses. Cet opus met en place une histoire où les 2 principaux protagonistes, un pilote allemand et son pendant soviétique féminin, sont les autres héros. On les découvre tour à tour grâce à un intéressant va et vient entre leur 2 parcours. On les devine par l’intermédiaire de leurs caractères trempés, anticonformistes qui distilleront, on l’espère, quelques secrets pour ne pas faire de la série un simple récit guerrier, une petite histoire d’avion. Les moins fanas des machines rutilantes y trouveront, bien évidemment aussi, leur compte. Car outre la recherche esthétique de l’ouvrage, on assiste à un véritable récit d’aventures, classique et attrayant. Rendez-vous est maintenant pris pour un deuxième envol : bouclez les ceintures s’il vous plait !