L'histoire :
Hiver 1944-1945. Sur le front est, l’armée allemande est bien mal en point. La Luftwaffe, en particulier, qui essuie revers sur revers, décimée, doit se résoudre à de perpétuels replis. Le « Reich de mille ans » bat de l’aile mais pas l’Oberleutnant Wulf qui, anéanti par la mort tragique de sa fille Romy, enchaine avec une frénésie meurtrière les missions. Il n’a plus rien à perdre : chacune de ses sorties est une tentative de suicide déguisée. Malgré tout, les victoires s’accumulent. Aussi, pour la cinquantième, le terrible Kommodore lui annonce t-il qu’il est très prochainement attendu à Berlin : le Führer en personne tient à lui remettre ses « Feuilles de Chêne », une prestigieuse décoration. Il y gagnera, en sus, un nouveau chasseur, le puissant TA 152. Si les usines arrivent à tenir la cadence, il pourrait même commander une toute nouvelle escadrille d’élite… Un peu plus loin, du coté soviétique, la célèbre Lilya Litvasky, experte dans le combat aérien, et dont l’image est largement utilisée par la propagande, se morfond : son chasseur subit de perpétuelles réparations qui l’empêchent de voler. Excédée, elle cherche à comprendre. Finalement, elle s’aperçoit, que Valentin, un pilote fou amoureux d’elle, a organisé cette mise à l’écart pour la préserver. Furieuse, elle ne tarde pas à reprendre les commandes de son joujou… et tombe entre les mains de l’ennemi…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Si l’on regrette parfois que certaines séries jouent les prolongations, sans raison apparente, on aurait pu, à l'inverse, se satisfaire de retrouver, une ou deux fois encore, l’Hauptmann Wulf el la Camarade Litvasky. En effet, seule la conclusion (un brin brutale) de cette saga aérienne magnifique nous laisse un peu sur notre faim. Pour autant, sans rechercher l’extravagance ou ciseler ses rebonds (souvent un chouya téléphonés), Yann boucle l’aventure de façon crédible et sans chichi. D’ailleurs, seule une sévère mauvaise foi pourrait vous empêcher de vous laisser agréablement capter. Sur un schéma identique aux précédents opus, on suit à nouveau les destins de 2 as de l’aviation (un allemand et une soviétique), sur le front est, à quelques mois de la fin de la seconde guerre mondiale. Ce sont bien sûr ces 2 personnages centraux qui portent à nouveau le récit : leur charisme, leurs blessures, leur panache au combat, leur coté rebelle et leur « agréable » rencontre créent une attache quasi-immédiate et sans concession. Au delà, Yann instille parfaitement moult éléments qui donnent une photographie juste et sans manichéisme béat du contexte historique dans lequel l’aventure se développe avec passion. Un bel effort, en tous cas, pour ne pas faire de la série un simple livre d’images avec de beaux coucous rutilants dedans. Ainsi, on apprécie mieux encore l’excellence du travail de Romain Hugault : c’est beau et détaillé, du galbe d’un sein à la maestria de la colorisation, en passant par la recherche d’un réalisme permanent. Et si, à tout hasard, certains n’étaient pas encore convaincus par ce trait aérien, rendez-vous nous est déjà donné par l’auteur pour une prochaine série se déroulant pendant la Grande Guerre.