L'histoire :
Par une froide journée d’hiver, Gepetto ramasse une bûche en forêt, dans le but d’y tailler un pied de chaise. De retour dans sa grotte aménagée, il ingurgite un petit remontant pour se réchauffer lorsque le bout de bois se met à lui parler. Eberlué par cette bûche magique, il court au bistrot épater la galerie. Mais que nenni, la bûche reste muette. Moqué et foutu dehors à coup de pied aux fesses, il s’en retourne chez lui se mettre à l’ouvrage. En une nuit, Pinocchio est fabriqué. Epuisé, Gepetto s’endort à même son atelier, tandis que le pantin, empressé de découvrir le monde, se fait la belle dans le plus simple appareil. Naïf, il parade au village et intrigue une populace plutôt angoissante. Effrayé, Pinocchio s’enfuit dans la forêt. C’est là que Gepetto le retrouve la nuit suivante, durant une tempête de neige, à moitié enracinés au pied d’un chêne…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Aujourd’hui, la vision que la plupart des gens ont de Pinocchio, se résume au dessin animé de Walt Disney. Adapté « à l’américaine » pour les plus jeunes, Pinocchio s’y trouve être un gentil garçon un peu intrépide, dont le nez s’allonge au premier mensonge. Or, dans le roman-feuilleton initial écrit à la fin du XIXe par l’italien Carlo Collodi, Pinocchio est bien moins innocent. C’est cet aspect du conte qu’Arnaud Boutle a eu envie d’adapter en BD, en insistant sur l’aspect magique de sa nature végétale. Résultat : pour un oui ou pour un non, le pantin prend racines, fait pousser ses branches… Epaulé au scénario par son épouse Corinne Denoyelle, Boutle fait de Gepetto un troglodyte alcoolique, ignore complètement le rôle de la fée bleue et surtout, réserve d’emblée un sort radical et burlesque à Jiminy criquet. Le ton de cette relecture oscille ainsi à califourchon entre dérision et féerie, sans clairement parvenir à convaincre. Et si graphiquement il y a du boulot (du bouleau ?), le visage du pantin lui-même, monopolisant le devant de la scène, n’est pas des plus gracieux…