L'histoire :
Maroc, 1964. Le commandement Scopitone, alias Tapis volant, et le sergent Formica, alias Lampe magique, sont en planque au cœur du souk. Très vite, Lampe magique est repéré. L’objectif prend la fuite à bord d’une camionnette volée, chargée à ras-bord de moutons. Averti par radio, Tapis volant se lance à sa poursuite avec son faux taxi qui a chargé un vrai client, pressé de rejoindre l’aéroport. Tant pis pour lui… A l’angle d’une rue, les deux véhicules font une rencontre fracassante : la camionnette, ses moutons et son malfaiteur se retrouvent projetés sur un camion de carburant… « On va avoir droit à un super méchoui au pétrole ! », s’écrit Tapis volant. De retour en France, le Colonel Koeniguer ne les félicite pas de leurs exploits marocains : une casbah à moitié détruite, un incident diplomatique et la presse qui relaie l’évènement… Le tout pour une opération initialement secrète : bravo ! Ils ont intérêt à ce que leur prochaine mission soit couronnée de succès ! Teddy Raclay, autoproclamé empereur du microsillon, est à l’origine de la vague yéyé qui sévit en France. S’il fait appel aux services secrets, c’est parce que ces derniers temps, les vedettes qu’il produit ont la fâcheuse tendance de disparaître lors de leurs galas en province. Aujourd’hui, il se fait du souci pour son poulain Sonny Brushing, qu’il n’a pas envie de voir s’envoler. Pour s’intégrer à la troupe en toute discrétion, Scopitone et Formica se relookent façon yéyé. Au cœur du groupe, leur mission de surveillance sera plus facile…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Nostalgiques des époques révolues, amateurs de gouaille argotique, blousons noirs de tous poils… Du rififi chez les yéyés est pour vous ! L’ambiance surannée qui règne au fil de ces pages ne manquera pas sa cible, pour peu que la détente et les clins d’œil appuyés comptent plus que la richesse de l’intrigue aux yeux du lecteur. Les personnages centraux, qui, à coup de gaffes et de bastons, jouent la corde de la sympathie que l’on ressent pour les anti-héros, donnent à l’histoire suffisamment d’action pour compenser un scénario un peu trop « ouvert » pour être vraiment palpitant. Qu’importe ! L’expressivité caricaturale des situations et des visages insufflent le peps qui manque à l’intrigue. Le travail sur le dessin aquarellé et la couleur touche au but, celui de tenir le lecteur page après page, parce qu’on s’y sent bien. Fraicheur des sixties, péripéties en cascade et ambiance matinée du souvenir de Michel Audiard donnent à Du rififi chez les yéyés le capital sympathie dû à des Lucien de Margerin, même s’il manque chez Lebrun et Pinard un zeste de cohésion dans la construction du récit. L’intrigue se dénoue finalement d’elle-même, en taillant enfin une part-belle à nos héros qui, il faut le dire, se retrouvent au bon endroit au bon moment… par le plus grand des hasards ! Cette astuce un peu simpliste ne gâche pas le plaisir, puisqu'on a compris que l'intrigue policière passe après l'envie qu'ont les auteurs de retrouver une ambiance, plus qu'un scénario ficelé. Les couleurs et le dessin font un travail de fond qui mérite d'être souligné.