L'histoire :
Octobre 1974. Deux motos se livrent à une course-poursuite dans les rues de Bruxelles, provoquant bien des dégâts. Devant, le jeune Gaspard Sarini essaie d’échapper aux deux assassins, derrière, qui viennent de tuer ses parents, de riches industriels du textile. Gaspard finit sa course dans le canal, tandis que ses poursuivants se retrouvent englués dans du béton et arrêtés par la police. Lorsque Gaspard remonte à la surface, il est sonné. Il a l’impression que toute sa vie vient de défiler devant lui. Il se réfugie chez son ami garagiste Jo Vandermeersch, spécialiste de la mécanique moto. Il lui demande l’hébergement pour quelques jours, le temps de remettre de l’ordre dans sa vie. Jo, qui héberge déjà Eddy, mécano et pilote, accepte évidemment. Dans les jours qui suivent, la police enquête. La jeune fliquette Jade Antoine est associée au commissaire adjoint Raoul de Groote… Mais en plus d’être misogyne et détestable, ce dernier met une mauvaise volonté évidente à faire progresser l’enquête. Serait-il partie liée à ce double meurtre ? Gaspard, lui, apprend par un notaire que son héritage se monte à une simple boîte de photos : tous les biens de la famille serviront à éponger les dettes…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cela commence en pleine action et en plein cœur de Bruxelles : un meurtre, une course-poursuite en moto, un accident… Fichtre, godferdoumme ! Evidemment, on est accroché et on le serait à moins. C’est ensuite que ça se complique, lorsqu’il faut donner un peu de cohérence au thriller en devenir et accorder la psychologie idoine aux personnages. Pour son premier scénario « de jeunesse », Géro a bâti une intrigue quelque peu bancale, sans doute comme ça lui venait, entremêlant plusieurs intentions narratives. Primo, zigzaguer sur la thématique moto (le concept de la collection Carénage). Deuxio, employer moult expressions typiquement belges (fritkot, awel, schieve lavabo, kaberdouch…), un parti pris culturel sympathique, mais qui finit par se stigmatiser et tourner au catalogue. Tertio, insuffler la tension inhérente au registre du thriller… et c’est surtout à ce niveau que le bât blesse. De fait, nombre éléments semblent factices ou improbables, comme par exemple l’idée de se lancer dans la compétition moto au beau milieu d’une enquête sur l’assassinat de ses parents. Ou encore les caractères caricaturaux de la fliquette trop intègre, du commissaire trop ripou, ou l’amitié qui sonne faux entre ce fils d’industriel et un petit garagiste. Ces profils n’y gagnent pas toujours non plus en vraisemblances par leurs attitudes et expressions physiques. Malgré son application certaine, le dessin semi-réaliste de Baudouin Deville (père de Géro) montre parfois des erreurs de proportions, de perspectives… Mais ne soyons pas trop sévère : tout va en s’améliorant au fil des planches et donne bon espoir d’avoir un tome 2 plus mature.