L'histoire :
En mai 1871, Fulbert Jolras est membre d’une bande de communards qui fait feu sur une péniche versaillaise depuis une rive de la Seine, à Paris. A proximité immédiate, le peintre Pierre-Auguste Renoir est obligé de remballer ses gouaches et son chevalet, pour éviter les balles. Il presse sa muse, « l’Andalouse », qui posait nue, de se rhabiller. La beauté plastique de cette dernière émoustille quelque peu les sens d’un communard… qui récolte un bel uppercut de la part de Jolras. En raison des combats qui ravagent la capitale, ils peinent à se replier jusqu’au bureau de Jules Allix, un proche de Victor Hugo qui collectionne les escargots dans un mystérieux but scientifique. Ils seront logés quelques jours dans l’atelier de Gustave Courbet. Durant cette période, Jolras est amant de l’Andalouse la nuit, tandis qu’il joue du fusil le jour sur les barricades. Mais au terme d’un combat plus violent que les autres, Jolras disparait dans une explosion. Il se réveille après 3 semaines de coma dans un lit, au Havre. Un camarade l’a tiré de là, l’a soigné et lui a trouvé une place sur un vapeur en partance pour le Nouveau Monde. Une nouvelle vie va devoir commencer pour lui. Il ignore qu’un sbire de Thiers a reçu pour mission de traquer et d’éliminer les anciens communards aux quatre coins du monde. Il débarque à New York à l’automne 1871…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les 112 planches de Texas Exil mettent en scène la vie tumultueuse, épique et fictive de Fulbert Jolras, un ancien communard parisien reconverti en cow-boy, au Texas. Comme le précise Didier Daeninckx dans sa postface, ce personnage n’a pas réellement existé. Il est un prétexte pour croiser moult personnages authentiques et pour évoquer tout un tas d’anecdotes liées aux mouvements anarchistes ou aux colonies libertaires qui fleurissaient en cette période où l’idéologie républicaine se cherchait. On peut regretter que ce one-shot soit narré de manière très linéaire et sans relief – on peine initialement à saisir où Daeninckx veut en venir : propos politique ou aventure gratuite ? Néanmoins, il permet de brasser les idéologies politiques en vigueur, et d’abreuver le lecteur en de nombreux rebondissements variés et jamais lassants : il y a des trahisons, des traques, des indiens, des guets-apens, des duels… bref, tout ce qui fait le sel d’un bon western classique. Cette impression mi-figue mi-raisin vaut aussi pour le dessin encré de Mako : sérieux, appliqué, jamais avare en décors et en sales bobines, il échoue par moment dans la lisibilité / fluidité de certaines séquences, et notamment dans des phases d’action totalement incongrues (ex : le bras tranché p.63, ou le crocodile volant, p.81) qui décrédibilisent l’ensemble. En somme, ce western « différent » n’est pas totalement réussi, mais pas désagréable pour autant.