L'histoire :
Le 1er septembre 1999, le docteur Yves Godard, acupuncteur et homéopathe dans la région de Caen, loue un petit voilier, le Nick, au port des Bas-Sablons de Saint Malo. Il se trouve en compagnie de ses deux jeunes enfants, Marius et Camille (respectivement 4 et 6 ans) et il annonce partir pour une virée en mer de 5 jours. Le loueur est étonné qu’un médecin emmène ses enfants en vacances en pleine période de rentrée des classes… Mais le profil psychologique a priori stable et l’expérience de Godard en matière de navigation le rassurent. Puisqu’il faut attendre le début d’après-midi que la marée monte pour sortir du port, Godard et ses enfants vont faire quelques courses à l’Intermarché local. Puis ils prennent le large, comme prévu. Le lendemain, un navire des douanes maritimes fait un contrôle d’identité, étonné que le Nick avance au moteur, avec les voiles affalées, en tirant derrière lui un petit canot pneumatique. Yves Godard parait calme. Il explique aux douaniers le principe de la balade en mer avec ses enfants. L’un des douaniers peut apercevoir Camille profondément endormie sur une banquette. Godard descend dans la cabine chercher ses papiers de location et d’assurance. Il met beaucoup de temps à remonter en marmonnant qu’il ne les trouvait plus. Tout est en règle. Dans les jours qui suivent, la famille entière disparait mystérieusement…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A l’instar de l’affaire Dupont de Ligonnès, qui a déjà fait l’objet d’un ouvrage chez Petit-à-Petit, le mystère Godard est l’un des crimes familiaux les plus inextricables de la fin du XXème siècle. Imaginez le topo : le médecin, sa femme, ses deux enfants et le voilier qu’il avait loué, disparaissent tous en septembre 1999, après une virée en mer. Quelques jours plus tard, on retrouve du sang de la mère de famille à domicile et dans la voiture. Puis quelques mois plus tard, on retrouve le crâne de la fillette… puis des os du docteur lui-même. En marge de cela, des indices probants sont repêchés au cours des années qui suivent (un sac avec des habits d’enfant et un marteau) et un « corbeau » écrivant mal français affirme dans des courriers anonymes que Godard est toujours en vie, à l’étranger ! En prime, des sommes considérables d’argent ont disparu. Au final, les diverses et longues enquêtes ne permettront jamais de conclure quoi que ce soit de définitif sur le scénario exact des crimes. A priori, deux thèses tiennent la corde : la piste mafieuse ou une spirale sectaire. Et voilà. Personne n’en sait plus. Un non-lieu a finalement été rendu en 2012. L’auteur malouin Pascal Bresson se charge de la narration des 21 courts chapitres, alternant dans un savant désordre chronologique les interrogatoires, les retranscriptions factuelles et les extrapolations plausibles auprès de Godard et de ses enfants. Béatrice Merdrignac se charge des interludes documentaires, sur fonds de pages noires. Et Samuel Figuière dessine le tout, à l’aide d’un trait plutôt réaliste régulier mais assez impersonnel.
