L'histoire :
96 après J.C. Théâtre de Juliobona. Dans l’arène, les gladiateurs combattent dans une lutte à mort autour des spectateurs en liesse. Parmi les combattants, Crixius, plus connu sous le nom du « Serpent », est impérial avec son trident et son filet. Et même lorsqu’il se retrouve en face de quatre hommes, il n’a pas de mal à les terrasser en quelques minutes sous les yeux de sa femme enceinte, Hélène. Malgré la dangerosité des combats, cette dernière ne peut s’empêcher d’être présente, même si tout son être s’affaiblit devant la peur de voir Crixius mourir. Mais la foule, elle, acclame le Serpent, si bien qu’on entend parler de lui jusqu’à la ville de Rotomasus. Cette soudaine célébrité, qui prend trop d’ampleur, ne plaît pas à l’empereur Titus qui refuse que la notoriété du gladiateur lui permette de devenir un nouveau Spartacus. Titus demande donc à son fidèle Emporium d’agir et de faire tuer Crixius, puis de récupérer son bracelet en forme de serpent de façon à ce qu’il ne reste plus rien de lui. Quelques heures plus tard, le forfait est commis. Mais le tueur a oublié de ramener le bracelet à qui on prête des pouvoirs divins. Arrivée sur les lieux après avoir été informée du malheur, Hélène retrouve Crixiux agonisant. Le gladiateur lui demande alors de fuir, car sa vie est aussi en danger. Aidée par son ami Myrtos, la jeune femme embarque dans un frêle esquif pour Rotomasus via la Seine. Avant de partir, elle prend soin de prendre le bracelet de Crixius…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Rouen ne se raconte pas en ligne droite. Elle serpente, se faufile et surgit là où on ne l’attend pas. La ville d’où sont originaires les éditions Petit à Petit se dévoile ici par fragments, entre archives et fiction, entre Histoire rigoureuse et récits imaginés. La Grande Histoire de Rouen, réédition en un seul volume des quatre tomes déjà parus, dresse le portrait mouvant d’une ville stratégiquement posée entre Paris et la mer, traversée par les siècles. Chaque chapitre s’attarde sur une époque : la cité gallo-romaine, l’installation des Vikings, Jeanne d’Arc, la peste noire, la Seconde Guerre mondiale... Pour relier ces moments, un fil narratif aux accents mystiques traverse les âges : objets maudits, secrets enfouis, symboles puissants. Un choix qui bascule parfois plus du côté de l’aventure que de l’Histoire. Graphiquement, la pluralité des illustrateurs surprend d’abord, mais finit par s’accorder à la chronologie : à chaque époque, son trait, son ambiance. Il est à noter que les pages documentaires enrichissent la lecture. On y découvre des photographies, des cartes, des détails méconnus — des repères solides dans cette fresque mouvante. En fin de comptes, plus qu’un cours d’histoire, cet album propose une balade sensible dans une ville aux strates multiples. Voilà une œuvre à lire comme on lève les yeux sur un lieu d’une carte postale ancienne : pour reconnaître, deviner, imaginer. Et peut-être, avoir envie d’y aller...